Deux mille milliards de dollars : le chiffre vient d’être annoncé, je l’ai par hasard entendu énoncer à la fin d’un bulletin d’information, mes oreilles en bourdonnent encore. Je m’empresse de préciser que je ne rends absolument pas compte de ce que cela représente, au-delà de vingt mille euros je perds pied. Mais cela doit être un chiffre colossal puisque les journalistes l’ont communiqué avec un petit sourire incrédule - ou peut-être ironique, eux qui ont l’habitude de jongler avec les chiffres comme avec les mots. Ne croyez pas non plus qu’il s’agisse d’une de ces dettes dont tous les états sont grevés, y compris les plus fiers pour dresser la tête au-dessus des flots ou simplement émerger en force. Non, c’est – tout simplement, mes belins-belines – le montant de ce que la plaisanterie afghane a coûté à l’Occident. En armement, drones, munitions, bombes, obus, que sais-je ? – ce qui veut dire tout de même que les états vendeurs n’ont pas trouvé qu’ils faisaient de si mauvaises affaires : autrement ils auraient depuis longtemps abandonné leurs trafics d’armes si bien rodés, qui sans doute ont même eu un rôle à jouer dans les décisions prises au plus haut niveau des gouvernements. Je n’ose pas calculer ce que cela pourrait donner en ravitaillement en céréales pour les pays affamés, en remise en état des puits ravagés par d’autres guerres sur d’autres territoires, en construction d’abris pour les populations africaines errantes ou, pourquoi pas ? en logements d’urgence pour les mal logés de chez nous, voire aussi pour les exilés arrivés sur notre asphalte. Il me semble quand même qu’avec cette somme on pourrait faire pas mal de petites choses.
