Je ne sais si je vous ai assez appâtés, mes belins-belines (oui : comme les millions d’hameçons travaillant ensemble tout le long des km de filets de pêche garnis d’un morceau de dauphin – c’est si bon, le dauphin ! comment pourrait-on y résister ?) pour vous donner mes sources de renseignements. Un livre majeur est venu à la rescousse de mes affirmations vengeresses contre l’industrialisation de l’agro-alimentaire : usines à vaches, usines à cochons, usines à œufs, usines à poulets, usines à poissons d’élevage (qui croupissent dans de l’eau si polluée par leurs excréments que beaucoup en meurent d’asphyxie et d’indigestion). Certes je me tenais farouchement au courant des initiatives et projets des multinationales exécrées, mais j’en ai appris d’inédit à tous les niveaux, niveaux de dangerosité pour l’homme à cause des antibiotiques dont on bourre toutes ces malheureuses bêtes quelles qu’elles soient, niveau d’empoisonnement des nappes phréatiques par les milliards de tonnes de lisier dont on ne sait comment se débarrasser, niveau ahurissant de souffrance imposée aux bêtes chacune dans sa catégorie à chaque étape de son engraissement (pour ne rien dire de l’abattage, qui peuple les cauchemars de manière indélébile). Si vous ne souhaitez pas renoncer à votre steak bien saignant ni à votre tranche de jambon à l’air si innocent, cela vous regarde et vous êtes parfaitement dans votre droit. Lisez cependant le Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer, à l’Olivier. Si vous tenez le coup, vous êtes bon pour vous enrôler dans les bataillons de la mort de n’importe quel pays de la planète.