J’ai essayé, je vous jure que j’ai essayé. J’avais remballé au fond de ma poche, avec mon mouchoir par-dessus, mon vieux principe réducteur qui m’a toujours fait fuir les films où se ruent les foules pour une appréciation au calme, deux ans plus tard, laquelle en général justifie mes préventions. Vous me direz que je déclare inusables des titres comme La Grande Vadrouille, Les Tontons flingueurs, Pouic Pouic, Drôle de Drame…et c’est vrai, ils me font toujours rire en même temps que j’admire l’ingéniosité de leur structure, de leur idée de base, de leur rythme trépidant. Alors, me direz-vous ? Pourquoi pas celui-là ? Mes belins-belines, je vous adjure de me croire : j’ai essayé. Scénaristes, metteur en scène, dialoguistes (les références essentielles pour juger de la valeur d’un film) étaient plutôt tentants, ils avaient fait leurs preuves auparavant – pourquoi ne pas me laisser séduire par la notation selon laquelle, même si on l’a vue et revue, on se tord toujours de rire devant cette remouture de Ruy Blas ?. Eh bien pas moi, mes agneaux ! Je n’ai pas tenu un quart d’heure et malgré ma boîte de marrons glacés pour me tenir compagnie j’aurais voulu me colleter avec mon poste et le passer par la fenêtre. Les grimaces du vieux clown rageur sous ses pompon verts (quelle idée imbécile !), les roulements d’yeux stupides qui se croyaient pleins de finesse de son valet, les gags lamentables dont on m’avait annoncé une profusion créant un rire inextinguible… Mes petits pigeons, qu’on ne me reparle jamais plus de La Folie des Grandeurs . Une des plus insoutenables prétentions à l’œuvre comique que je connaisse (même si pour les trois quarts de l’oeuvre ce n’est que par ouï-dire : je n’en pouvais plus)….