De plusieurs parts (courrier, téléphone, e-mail) on m’exprime la joie que l’on a à me lire et me relire. On me donne la liste des ouvrages qu’on a lus – et qu’on relit toujours avec le même plaisir. Comment voulez-vous que je ne me gonfle pas les plumes du jabot, mes belins-belines ? C’est quelque chose, tout de même, que ces marques de fidélité et de plaisir du texte qu’on vous adresse sans concertation…Et cela, venant de lecteurs de la première heure – Les Nœuds d’Argile, première édition, 1981 (hé oui, mes belins, mil neuf cent quatre vingt-un, éh oui , mes belines, réédition chez Mazarine) - ou tout aussi bien de lecteurs tout nouveaux qui avant Le Miel de l’Aube ne savent pas qu’il y a eu la grande période des sagas à diffusion nationale chez Fayard ou chez François Bourin…Et il m’est difficile de leur parler de cette période-là puisque tous les titres (sept en tout) sont épuisés, après avoir vaillamment fait leur devoir… J’y pense souvent avec mélancolie : j’en ai encore quelques exemplaires que je distribue au compte-gouttes, faute de pouvoir les distribuer à pleines charretées comme on dit dans mon cher Marivaux. Je vous assure que je le ferais, et avec élan, si c’était possible. Est-il plus grande émotion pour moi, plus grande joie, que d’établir avec un lecteur un plain-pied qui, l’espace de quelques instants, nous permette un échange à un niveau qui laisse le quotidien des sentiments tout en bas ? Oh il faut que je vous en parle, j’ai tant à dire sur ce chapitre avant d’aller rejoindre mes ancêtres !