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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 08:03

         Je n’ai rien contre l’émergence de nouveaux comédiens, surtout dans le répertoire classique – l’apport de sang frais est toujours bien venu, dans la mesure où pour la scène la diction reste claire et non bredouillante, comme dans les dialogues de films bien trop souvent. J’ai réfléchi depuis hier à l’introduction de tout jeunes poulains dans la réalisation d’une pièce aussi emblématique que Le Jeu de l’Amour et du Hasard : lorsque Sylvia était Danièle Lebrun et Dorante Jean-Pierre Cassel, n’étaient-ils pas tout jeunes eux aussi ? Il y avait cependant une osmose de sentiments qui dès le premier échange de regards apparaissait, se fixait, s’installait avec ses intensités et ses inquiétudes, avec ses emportements mal retenus et ses découragements, bref c’était tout un travail de psychologie et de passion qui se déroulait sous nos yeux, illustrant à merveille le beau texte marivaudien, tandis que le cheminement parallèle des valets, moins proche des tourments des maîtres vers la fin, constituait une pétillante reprise de la même aventure dans une autre tonalité, bonne enfant, facilement enjouée (et sans la moindre vulgarité, je le précise : les nuances des comportements relevaient du grand art). Je ne crois pas que  ce soit un service à rendre à ces bizuts que de saucissonner leurs contacts avec le texte, de confier à des sous-titres ce qu’ils devraient exprimer par leur jeu personnel, de les isoler par séquences au lieu des tête-à-tête où par eux-mêmes ils devraient approfondir le texte et en tirer un maximum d’émotion. Aucun des quatre ne pourra dire que Le Jeu a transformé son style par son intensité, comme Cassel le confessait après avoir incarné un Dorante exceptionnel. Hier c’était tant pis pour nous, demain ce sera tant pis pour eux…

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