Quand on s’adresse, comme moi, à l’univers entier, il est difficile de cibler ses sujets. Si je parle de mes chats, je comble les amateurs de félineries mais j’irrite ceux qui n’aiment pas les animaux. Si je mets l’accent sur la correction du style ou de l’orthographe, il y en a parmi vous qui en profitent mais beaucoup d’autres qui s’en battent les flancs. Si je vous parle de cinéma ou de télévision, je réjouis les connaisseurs en matière de toiles mais je rends somnolents ceux d’entre vous qui n’ont pas suivi la semaine sur le petit écran ou qui préfèrent regarder le soir de sérieuses émissions où le blablabla littéraire donne son maximum. Puisque je ne saurais contenter tout le monde et son père, alors aujourd’hui je fais fort. Je vous parle encore éblouie des beautés du Sud de la Saône-et-Loire, entre Mâcon et Cluny, càd dans la partie héroïque de la région où les maquis pouvaient s’installer à leur aise et guetter les troupes d’Occupation : sur le plan de la stratégie, c’était comme autrefois les Pictes et les Scots empêchant les légions romaines de gagner le Nord en utilisant le relief incroyable de leur pays. Ici aussi le relief est incroyable : certes pas de haute montagne aux crêtes déchirées, mais des moutonnements de coteaux et de vallons innombrables, à tel point que tous les quatre ou cinq kilomètres de la route qui tortille à l’avenant et monte et descend comme un manège on débouche sur un panorama inédit qui fait le tour de l’horizon de manière inattendue. Des forêts de hêtres et de charmes, de frênes aussi, des creux où brille un filet d’eau, des étangs presque grands comme des lacs… Une impression d’authenticité de la nature comme on la ressent rarement…Si je vous ai rendus perplexes ou incrédules, excellente occasion pour vous d’y aller voir par vous-mêmes.