Ce matin je vous fais défaut,
Oui mes belins, oui mes belines,
Car j’ai rendez-vous, il le faut,
A Beaune avec de l’aspirine.
L’aspirine n’est pas pour moi :
Elle est pour tous ces volontaires
Qui affrontent les dures lois
De l’orthographe ou la grammaire.
Je ne devrais pas m’en vanter,
Mais ces pièges que j’accumule
Sont dus à ma sévérité
Puisqu’on s’adresse à ma férule
Afin de concocter au mieux
Une dictée pleine d’embûches
Qui fassent s’arrondir les yeux
Des candidates qui trébuchent
Devant les pluriels, les accords,
Les si, les mais de toute espèce,
Les subjonctifs d’esprit retors…
Que de pièges ! Oui, la paresse
De l’esprit n’a que faire ici :
Il faut plutôt qu’elle s’apprête
Pour être capable, au jour dit,
A ces défis de tenir tête…
J’ai négligé les candidats,
Mais ils sont tout pleins de vaillance,
Ils veulent voir ce que sera
Le niveau de leur résistance
A ces tortures du cerveau
Qu’on leur impose avec tendresse :
Ne m’en voulez pas, mes agneaux !
Dans la dictée, trouvez l’ivresse…