Au risque de me répéter – car je n’ai pas encore digéré mon indignation d’hier, à l’annonce de la fiesta programmée sur les bords de Seine au lieudit Tel-Aviv-Plage, avec banderoles flottant au vent, jeux–concours dotés de nombreux prix volés aux territoires palestiniens et présentés comme israëliens pur jus kasher - je voudrais revenir sur cette provocation israëlienne que je ressens comme une gifle. Les organisateurs de cette monstrueuse initiative ont-ils oublié que les crimes de sang de l’année dernière à la même époque n’ont pas besoin de cette célébration faisant un pied de nez aux pertes humaines et matérielles de juillet-août 2014 pour pérenniser leur souvenir ? que les destructions des maisons, des écoles, des hôpitaux de Gaza, les mutilations des blessés, le destin des jeunes irrémédiablement basculé dans la violence et la vengeance, toutes ces atteintes à l’intégrité morale et organique d’une nation opprimée depuis plus de soixante ans sont présentes aux yeux et au cœur de toute personne un peu objective ? Il n’est pas possible que cette installation sur les berges de Seine, en plein centre des vacances parisiennes (aussi autoritairement réalisée que s’il s’agissait de la prise de possession d’un village de Cisjordanie dont les sanguinaires colons rasent les maisons et chassent les habitants, après avoir déraciné leurs oliviers prêts pour la récolte) ait lieu sans les complicités locales. Or ne nous voilons pas la face : c’est la mairesse de la capitale, toute souriante et prête à aller se baigner sur cette plage si convoitée, qui a donné toutes les autorisations nécessaires, et tous les encouragements : il faudrait savoir si elle y est allée de ses petites subventions et, le cas échéant, il faudrait monter aux cré- neaux, en force.