Je crois que cela fait une bonne année – au moins - que je n’ai pas parlé ici de mon soap anglais, ce feuilleton prétendument calqué sur l’actualité quotidienne de cette population mêlangée qui occupe Walford, autrement dit l’EastEnd. Certes je suppose que peu d’entre vous suivent ces EastEnders qui se survivent depuis bientôt trente ans (incroyable mais vrai) avec une fidélité qui, comme la mienne, après de nombreuses phases interrompues, ne leur fait pas défaut depuis douze ans. Je vous rassure tout de suite : vous ne perdez pas grand-chose si votre télé ne peut vous l’assurer. Moi-même je ne le suis qu’à cause de ce langage bas-londonien à moitié avalé et où les dentales sont remplacées par des arrêts brutaux surprenants à chaque fois, mais j’en ai naguère tiré des considérations sur la succession des images, les structures des épisodes, les notations psychologiques ou même les mœurs et leur évolution qui pouvaient intéresser n’importe qui. Je crois bien que le feuilleton arrive quand même à sa fin, vu l’essoufflement du rythme, le ralentissement de l’intérêt, les répétitions de dialogues ou de confrontations. Les scénaristes, même organisés à la baguette, donnent des signes de faiblesse. Il est difficile de comparer avec une série française à cause de ce flux de personnages tous emmêlés dans la même situation, avec la jalousie, l’amitié, la tromperie, le désir d’évasion ou de l’argent facile qui constituent un fond psychologique complexe (dans les séries françaises, un personnage domine – policier ou médecin - avec ses problèmes « au long cours » qui se détachent sur le problème particulier des autres selon l’épisode : c’est aussi une manière de faire durer indéfiniment la série, mais la monotonie s’installe rapidement à cause même de cette structure). On peut tout de même s’étonner que la formule « série » soit en passe de remplacer à peu près toutes les autres.