Je ne sais pas si ce sont les problèmes de coordination des scénaristes qui ont trouvé une fois pour toutes une solution simpliste, mais je relève dans mon soap EastEnders un véritable truc pour l’enchaînement des zones d’intérêt – les Pakistanais, les Jamaïcains, le genre famille à Rikiki où surgissent à chaque détour de récit des membres oubliés, ou dédaignés, ou perdus et retrouvés(des frères, une mère, un père malfrat passé pour mort, une meurtrière qui a fini son temps…oh il y a le choix malgré la banalité de la structure), lesquelles zones d’intérêt ne sont pas du tout délimitées par racisme, mais par la complexité de l’intrigue qui dresse les générations l’une contre l’autre. Pour passer d’une zone à une autre, rien de plus simple que de prolonger le geste terminant la séquence. Celui qui ouvre une porte est immédiatement remplacé par celui qui entre chez lui, la transition s’effectue de manière automatique. De même, un mouvement non terminé (on se prépare à trinquer) se continue par d’autres personnages en d’autres lieux mais dans l’immédiateté du coup d’œil, comme si le narrateur n’avait pas une seconde à perdre entre ses morceaux de récit qui, simultanés ou en stricte succession, sont censés donner l’impression d’une activité humaine incessante et diversifiée. Depuis quelques mois aussi, le rôle des poussettes avec dedans un bébé interchangeable (il y a eu plusieurs naissances en une année) a imité celui des portes ou des flûtes à champagne. On peut multiplier le système : d’une voiture à une autre, d’une cafeteria à une autre, d’un pub à un autre, d’un lit à un autre…Le passage s’effectue par glissement d’images, rien qui demande un effort au spectateur dans sa passivité, laquelle finit par refléter les automatismes de caméra. Il faudra que je voie si les séries à la française innovent ou non dans leur style de narration…Si je m’y décide, je vous tiendrai au courant, bien entendu.