Une jeune dame, l’air modeste (mais pour arriver sur un plateau de télé nationale, dites donc… la modestie a dû être malmenée, ou bien ? comme on dit en Suisse) présente son ouvrage destiné à en finir avec tous les problèmes d’orthographe. On se précipite, car ce serait là une œuvre à récompenser avec une palme d’or. Renseignements pris, il n’y a que 99 cas examinés et soignés, uniquement des substantifs si j’ai bien compris, selon une technique unique : le mot s’inscrit dans un petit dessin, il devient donc inséparable de ce croquis qui n’est autre qu’un moyen mnémotechnique simplifié. Ainsi sur la même page amande (avec son A très grossi et une ou deux amandes décortiquées) et amende (avec la silhouette d’un flic qui verbalise). 99 fois ce truc magique, ça ne mène pas loin, d’autant que pour distinguer filtre et philtre les dessins de récipients divers sont peu convaincants. Je ne vous signale que ce que j’ai attrapé au passage, tout ébaubie d’apprendre que l’ouvrage est utilisé dans les universités en cours de Français langue étrangère. Il me paraît qu’il doit y avoir fort à faire pour assurer un complément d’information à ce succinct bréviaire, d’autant que la dame a dit qu’elle « se rappelait des peines qu’elle avait eues » avec certains vocables. J’aurais préféré comme garantie du sérieux de son entreprise l’entendre dire qu’elle « se rappelait les peines » qu’elle avait eues, mais peut-être juge-t-elle que l’orthographe et la grammaire sont deux zones cloisonnées à séparation étanche, et qu’on peut faire joujou dans une salle sans imaginer que la deuxième puisse se prêter aux mêmes ébats…