Les affaires vont et viennent. C'est comme sur une mare, à la surface à peu près lisse mais dont les bas-fonds sont travaillés par des fermentations nauséabondes finissant toujours par crever en grosses bulles visqueuses. Pour ne parler que de celles qui "éclosent" depuis un an (auparavant il y en avait eu en chaîne, ç'avait été marrant) , elles sont retentissantes à cause de leur étrangeté, de leur caractère inexplicable par la logique popote de tout agencement bien calculé et aussi par le volume qu'elles remuent en tous sens. On découvre peu à peu, comme on épluche un oignon, un petit ou un gros quelque chose à chaque pelure: chaque révélation nouvelle déclenche un nouvel élément gravide. On a pu croire que le refuge de Bormes-les-mimosas allait laver tout cette écume noirâtre, la rincer vigoureusement par les mises au point, l'étouffer par des déclarations fulgurantes, mais ça n'en prend absolument pas le chemin. Et voilà que l'affaire à peine effleurée il y a quelques mois - et qu'on croyait enterrée comme tant d'autres, après quelques vagues justifications embarrassées et puis un silence total - ressort en force en extirpant de son ombre fonctionnelle le N°2 de l'Elysée. Cette hiérarchie des ténèbres, connue des seuls initiés, me rappelle la hiérarchie des fantoches du feuilleton où Roger Moore fit merveille pendant des années, où chaque tentative d'évasion du Prisonnier avortait, où les numéros de commandement hiérarchique se succédaient à la tâche puis à l'extermination . Chez nous aussi, elles se succèdent, comme des vagues toujours recommencées, chacune avec son autonomie et son volume, se déroulant selon son rythme sans s'occuper des voisines. René attendait les orages désirés : nous n'avons pas besoin de dire : "Levez-vous!", ça va venir tout seul, ça nous fera de grandes marées.