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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 09:36

COEXISTENCE AVEC LE TEMPS

 

          J'ai dépassé depuis bien longtemps le stade de l'empoignade avec le temps imparti entre l'ouverture du premier oeil et l'installation au boulot -opérationnelle, quoi, prête à tout pour convaincre (et même, un jour où l'amphithéâtre était plein et que je dissertais sur Baudelaire et Whitman, toute prête à me lever de mon estrade pour prendre dans mes bras un petit chat curieux de l'atmosphère universitaire et le garder sur moi presque jusqu'à la fin du cours sans avoir modifié une syllabe de ce que j'avais à dire). Car figurez-vous que j'ai connu la version personnelle du train-boulot-dodo-boulot- train-dodo comme tout un chacun, avec les variantes qui ne regardent qu'elle. Et le temps nécessaire, voui. Mais j'avoue que cet étau dans les pinces duquel vous tient ce temps du quotidien alimentaire a depuis longtemps laissé la place à l'empoignade avec le temps existentiel. D'ailleurs, pour être juste, il faut reconnaître qu'il ne s'agit pas tout le temps d'une bagarre : on peut établir une coexistence heureuse avec le temps du farniente, le temps de la rêverie, le temps de l'amitié, le temps de la jouissance du beau et de la beauté du monde. Mais dès qu'il s'agit d'un stress fonctionnel, avec agenda à exécuter et horaire à suivre à la lettre (on devrait plutôt dire "au chiffre"), la contestation avec l'inexorable passage du temps s'analyse comme le duel entre le souffle d'une tornade et un petit bonhomme à la Dubout campé en une noble pose, manches retroussées au coude et bras croisés sur la poitrine, regardant le temps bien en face et l'apostrophant fièrement d'un "Approche un peu, grand lâche!" méritoire. C'est vous dire de quel côté se situe la victoire.

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