FIN DES GROSSES CHALEURS
La presse, à peu près d'accord pour une fois (parce qu'il ne s'agit pas de questions qui fâchent) nous laissait présager qu'on finirait par s'en tirer, et même, plus carrément, annonçait avant-hier "Les pluies arrivent!" sur un ton presque alarmé, comme s'il s'agissait d'une nouvelle catastrophe naturelle contre laquelle nous prémunir pauvrement. J'attendais un déluge, dans les délices d'une anticipation exaltée : enfin un bruit d'eau sur les feuilles, contre les vitres, sur le gravier des allées. Enfin de la fourrure mouillée au moment de caresser les chats revenant du jardin, au lieu d'un pelage plein de petites graines et de grosses poussières. Mais je cherche en vain les traces de ces averses diluviennes, qu'avaient précédées quelques vagues coups de tonnerre sans la moindre goutte d'eau hier soir tard (vous savez, de ces roulements qui sonnent comme des grommellements de mauvaise humeur, le ciel veut pas pleuvoir et barca! y pleuvra pas). Il paraît qu'il a plu dans la nuit, et c'est vrai que les feuilles sont brillantes ce matin comme les toits. En tout cas, si le doux bruit d'averse est resté coi, on peut ouvrir tout grand les portes et les fenêtres donnant sur les quatre points cardinaux : les voisins faisant de même, on a l'impression que seules restent debout les carcasses des maisons, comme si on s'était débarrassé dans la nuit de tout ce qui avait empêché de respirer pendant la phase de canicule.