Agitation familiale
Rien n'empêche une phase de calme ou d'inactivité (confinement, long épisode de froid, pluie ou canicule sans espoir de fin) d'être suivie par une zone de turbulences, telles que les annonce d'un ton grave le commandant de bord lorsqu'il juge que les ébats nocturnes succédant aux ventes détaxées présentées par les charmantes hôtesses traînent en longueur (et les habitués savent qu'il n'y a pas de turbulences, que c'est seulement la ruse traditionnelle pour obliger les bavards et bavardes à regagner leur siège et se taire). En fait, après les paralysies diverses physiques ou mentales, chacun est heureux de reprendre la pleine gou- vernance de son moi, même au prix d'une effervescence qui parfois s'analyse comme une bousculade pure et simple. C'est mon cas cette semaine, où après le ronronnement d'une routine sans aspérités qui finissait par m'ennuyer se sont enfilés l'établissement d'une longue liste d'achats sur Internet (ohimè! quel apprentissage!), la livraison d'icelle avec ses suites, quelques courses retardées depuis trop longtemps à effectuer quand même enfin en ville avec masque et taxi, puis l'arrivée des visiteurs qui commandait toute cette agitation. Et la raison de cette agitation elle-même, c'est bien encore autre chose! Hormis les embrassades non autorisées, pour les bavardages, les occasions de rire et d'échanger refoulées depuis si longtemps, les entretiens sérieux toujours motivés, l'évocation de souvenirs familiaux archiconnus et l'emploi de formules familiales archiusées pour vérifier que les mémoires ne s'usent pas trop, elles, ah! quel tempo allègre! Rien de tel que ces précieux contacts retrouvés (en gardant toujours ses deux mètres de distance, en disposition civique et disciplinée) pour perdre les pesanteurs de quelques années...