L'ART DE CARPENTER
Toujours cette vanité de ne pas vouloir mourir idiot! Quand on compte comme moi '(pas tout à fait) quatre-vingt quinze printemps, on a intérêt à faire vite. C'est pourquoi j'ai voulu hier voir ce qu'était un film d'horreur, genre qui ne m'avait jamais tentée, bien au contraire. Des horreurs de toute espèce et à tout niveau, certes j'en avais vu, au cinéma comme au vrai, assez pour ne pas les rechercher. Mais puisque avec John Carpenter il s'agissait d'art cinématographique...Je n'ai pas eu le moindre frisson, j'ai été remplie de dégoût. Ces évocations dites effroyables de chairs sanguinolentes de texture inconnue, de formes monstrueuses et gigantesques qu'on n'arrive pas à vaincre, qui sont hideuses, visqueuses, carnassières, déchaînées sadiquement dès qu'on les tire de leur sommeil ou de leur enfouissement, ne me font pas frémir le moins du monde, même si je devine une extermination totale du groupe humain coupé de tout contact : en somme, on n'a plus qu'à attendre et compter, comme dans Dix Petits Nègres,et c'est plus brutal, moins raffiné, c'est de la boucherie faite pour le regard. Je trouve même que cette laideur de l'horreur empêche l'horreur de choquer, la banalise, en fait un simple spectacle révulsant. Bref, Carpenter ou non, la découverte de ce nouveau genre ne m'a pas comblée de délectation esthétique.