FAUSSE GUERISON
Quand on en arrive à deux ou trois jours de rhume (dies a quo non computatur in termine, le jour du départ ne compte pas dans le calcul, comme on dit savamment en première année de Droit) en supputant qu'on est tombé sur une espèce classique qui doit durer six jours francs plus les séquelles, on devrait se trouver au-delà d'un peak (comme on dit chez Covid), atterrissant sur un plateau d'immobilisation de tous les symptômes qui vous fait croire à la fin de l'alerte, et en général à partir de là tout s'arrange. Moi j'ai dû être gratifiée d'une espèce vicieuse : voilà qu'au milieu du schéma tout recommence, brutalement, le nez, la gorge, la toux. Les antibiotiques semblent avoir perdu leur vertu, le sirop atteint la force du pipi de gazelle, les quintes se vengent d'avoir été trop mineures dès le démarrage. Le fromage blanc qui a pris la place de la cervelle trouve opportun et spirituel de se transformer en mascarpone, presque en mozzarella : qu'en faire? Et comment s'en passer? L'état des lieux est piteux : il n'y a plus qu'à se terrer vingt-quatre heures, puis ne rouvrir les yeux que si on est capable de distinguer ce qui se passe. Dont acte.