REFLEXIONS DESOLEES
L'atmosphère pesante due depuis si longtemps au Covid paraissait finalement insupportable par son caractère interminable et sans parade possible. On nous avait dit et répété que c'était la guerre - et les nombreuses victimes se sont certainement bien senties incluses dans un contexte destructeur inexorable. Nous allons toutefois aborder - en fait c'est déjà là depuis 48 heures - une période autrement tragique, celle des armes, des bombardements, des massacres de civils, des bâtiments éventrés, des empilements de cadavres, des longues affluences de gens en fuite aux frontières pour tâcher d'échapper à la mort. La guerre est là, qu'on l'appelle agression ou non : plus proche pour nous que l'Afghanistan, que l'Irak, que le Yémen, que tous ces règlements de compte qui s'effectuent dans le sang et l'ignominie, dans la haine et la violence, dans l'irrespect total de l'humain d'en face. Assez proche pour que nous nous sentions géographiquement menacés, mais surtout mal à l'aise quant à nos parts de responsabilités dans les conflits qui éclatent chez les autres. Que les divers pays qui se considèrent comme alliés - l'Europe, avec son contingent de rancunes, de crocs-en-jambe, de froissements, de jalousies sournoises, d'antipathies mal dissimulées - cherchent une réplique à cette entrée dans le mal, d'abord par les sanctions économiques toujours douloureuses, ensuite sans doute (si l'on en croit nos Déroulède et leurs effets vocaux trompettants) par l'utilisation, enfin, de ces armes toujours briquées mais dont on n'avait pas l'usage, c'est ce qui semble à l'ordre du jour. Qui élèvera la voix pour dire que le mal répondant au mal n'a jamais abouti qu'à l'horreur sans borne?