BRICOLAGE
Il me revient en mémoire, fort nettement, que lorsque j'avais six ou sept ans je prenais mes loisirs avec un marteau et des clous, tandis que mon petit frère, trois ans de moins, promenait interminablement et avec gravité mon baigneur dans mon chariot alsacien. Cela aurait pu signifier que j'aurais sans doute de l'adresse manuelle au cours de ma vie à venir - ces beaux espoirs n'aboutirent hélas qu'à des clopinettes et j'ai toujours eu besoin d'un technicien en divers domaines pour venir à bout des difficultés matérielles les plus élémentaires, tire-bouchons, clé de boîtes à sardines ou ampoules grillées faisant partie des ustensiles concernés. Je regrette fort cette infirmité handicapante : dès que je touche un instrument quelconque de l'existence quotidienne - télé, radio, ordi parmi les essentiels - je le détraque , je le bloque ou je le démolis. Eh bien je n'hésite pas à accuser le manque de formation dont l'autorité parentale (c'est la mode de s'en prendre à elle) n'a pas su m'enrichir. Car je réfléchis en vain au truc quel qu'il soit qui me permettrait d'accrocher à la rampe, juste devant ma porte de salon pour les facilités d'observation, une mangeoire pour amandes hachées destinées à la nichée de rossignols de muraille installée dans un trou sous l'auvent sans que les chats puissent participer à la fête.
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