28 décembre 2008
7
28
/12
/décembre
/2008
09:34
Eh oui (que je prends bien soin d'orthographier convenablement, c'est si rare de le trouver non déformé), eh oui, donc, aujourd'hui est un jour ouvrable. Pour moi,
j'entends, avec la masse de boulot qui m'attend au tournant... Pas de répit, car je voudrais bien avant ce soir, après avoir éclusé quelque peu de la correspondance de saison, me remettre à la
nouvelle que je suis en train d'écrire mais qui n'avance pas comme je veux, à cause d'un emploi du temps troué comme du gruyère, à la supervision de mes textes traduits, à la frappe correcte d'un
brouillon d'autrefois (au temps du bic et du bloc) que je souhaite ne pas laisser perdre. Le tout en vrac, dans le désordre comme on dit à Auteuil, lâché puis repris selon non l'humeur mais bien
les Diktate de la lassitude. Mes chats m'empêchent de me lasser jusqu'à l'inopérance : ils sentent quand je commence à me fatiguer, à perdre intérêt à l'exercice en cours, ils viennent m'entourer
pour que leurs ondes m'apaisent et me tonifient en même temps. Quelle que soit l'équipe du moment,ils ont d'instinct ce sens aigu de leur fonction auprès de moi. Je me souviens du temps où
Miaouchka, le chef de la troupe d'alors, après avoir amené quatre ou cinq mirons en cercle autour de mon bloc (oui, bloc et bic comme j'ai dit), après avoir maintenu le silence et le sommeil parmi
eux dont les ondes me revigoraient et m'inspiraient, faisait le sablier en jugeant que mon exil hors du monde avait assez duré. Il venait glisser un ongle, délicatement, entre l'arête de mon nez et
mes lunettes - que je ne mettais alors que pour écrire, donc m'isoler d'eux - et faisait tomber ces fameuses lunettes pour m'indiquer que leur patience avait atteint ses limites naturelles. Je les
remettais, il recommençait, calmement mais avec insistance. Au bout de trois ou quatre injonctions si superbement motivées, je cédais, je posais le bic, je fermais le bloc, je distribuais à mon
cheptel dûment réveillé quelque friandise d'après inspiration collective, ils savaient tous qu'elle viendrait, qu'ils auraient leur récompense, qu'ils pourraient recommencer. Ne me croyez pas si
vous voulez, mais c'est la vérité. J'en ai tellement à raconter, de ces choses extraordinaires qui se passent entre les chats et moi, que - j'en avais honnêtement averti la compagnie - les
allergiques aux félins pourraient voire devraient s'abstenir de surfer sur mes territoires nouveaux. C'était l'honnêteté même, et je récidive ici pour les mal entendants, vous voyez donc l'étendue
de ma bonne volonté.Cela ne veut pas dire que je ne parlerai que de mes chats, bien sûr que non. Je vous ai fait d'autres promesses, assez solennelles pour que je les tienne, et je les
tiendrai. Mais il y aura quand même du chat ici et là, glissé entre les pages, coincé au détour d'une phrase, emmêlé à une chaîne de pensées ou d'associations. Sans prétention à la première place
mais présent. Et à la dernière aussi, puisque c'est sur mes salutations à votre chat que je termine mes élucubrations quotidiennes.