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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 10:30

     Nous allons abandonner (provisoirement, oh très provisoirement je vous le garantis) le domaine du théâtre pour passer à celui de l'Académie. Non que j'aime particulièrement savoir ce qu'ils font, les Quarante, sous leur coupole : c'est plus intéressant, dans un restaurant de grande classe, de découvrir ce que les coupoles enlevées toutes ensemble avec les gestes élégants du bras vont vous révéler, et qui en théorie correspond à ce que vous avez commandé, certes, mais qui en pratique constitue une chasse au trésor dès que vous entreprenez de retrouver la base du plat sous les fioritures enjolivements couleurs inattendues et autres enrubannements qui brouillent les pistes. Là, au moins, c'est jouissif, et je ne sache pas que cela le soit tellement au Quai Conti (puisque c'est là, si je ne m'abuse, qu'ils revêtent leurs habits à parements étincelants de broderies et chamarures et qu'ils se coiffent du bicorne assorti - seulement dans les grandes occasions d'ailleurs, et ça se comprend : comment pourraient-ils travailler sérieusement ainsi affublés? et puisqu'ils nous répètent avec force qu'ils travaillent, on doit donc les croire, ils tombent la veste,  ils remontent les manches, c'est leur manière d'aller au charbon). Non, je n'ai pas les yeux sans cesse attachés à leurs faits et gestes, non plus qu'à leurs recommandations de lecture : quand aura-t-on vu un prix de lAcadémie française attribué à autre que fillette à peine nubile, de préférence à l'air vicieux,  capable de vérifier dans ses textes l'inventivité proposée par son regard et son titre? On a des exemples. D'ailleurs, moi, quand je vois "de l'Académie française" sous un nom d'écrivain ou de journaliste, je passe. On a rarement pu me prouver que j'étais victime de préjugés qui me coûtaient cher, je serais plutôt tentée de dire que j'ai fait des convertis à ma vision sans trop de mal. Si j'aborde ce sujet en aucune façon plaisant voire nécessaire, c'est tout simplement parce qu'on s'est beaucoup activé ces derniers temps sur les vides laissés par des départs vers la droite du Seigneur (ils ont tous un ticket pour là-haut, réservé en première). On avait presque fini par les prendre en pitié, ces rescapés de la mort parmi les Quarante qui se battaient les flancs pour trouver des gens propres à boucher leurs trous. Et ça me fait bien rire de voir les mimiques des uns et des autres guignant les fauteuils libres, l'air du bon élève qui n'a jamais douté d'être reçu, l'air du dédaigneux qui prépare déjà son attitude de refusé, l'air du plaisantin qui rigole de l'honneur parce qu'on n'a en principe aucune raison de penser à lui mais qui va fondre de servilité dès que les choses seront bien engagées. Ne croyez pas que j'invente : si je vous en parle c'est que je les ai vus, et contactés, ces impétrants... Quand je pense à Gracq refusant le Goncourt, à Sartre refusant le Nobel... Le bon goût se perd, mes belins-belines. Ce genre de hochet consistant en une chaise (un fauteuil, pardon : c'est tout de même mieux) fait toujours mouvoir les hommes depuis Napoléon... J'aime mieux mes chats, et les vôtres aussi bien sûr. Ciao!

                                                                                                 Lucette DESVIGNES.

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