27 août 2009
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N'attendez pas de moi une documentation savante sur le sujet, même pas une allusion à l'évolution
historique de la chose ou des considérations profondes sur les caractéristiques particulières qu'elle revêt selon les cultures : je n'ai rien d'une sociologue autrement que par caprice et au
passage, et en outre je n'ai jamais été hantée par les mystères que certaines sectes essayent d'évoquer sinon de dominer. Tout simplement, je m'étonne de cet attrait pour l'horrible, le vil, le
sanglant,le démoniaque pour tout dire, dont la société dans son ensemble, et peut-être toutes nationalités confondues, paraît friande en même temps qu'épouvantée (mais l'association de l'attirance
et de la peur n'est pas nouvelle : pensez au succès commercial de la mention "A ne pas lire la nuit" , toutefois il y a là, je veux dire dans la lecture ainsi stimulée, une composante
intellectuelle non négligeable, quel que soit le niveau de qualité du "polar" acquis à cause de cette étiquette). Il ne me paraît pas que l'attrait pour la sorcellerie relève de ce même souci
inoffensif de simple loisir passe-temps. Quand dans les années 70 la fascination pour le fantastique s'était imposée dans les programmes de faculté, ce que les étudiants lisaient répondait à
une exigence de culture littéraire qui n'allait pas jusqu'à la sorcellerie. Lovecraft, Poe, Maupassant, Bram Stoker restaient les grands maîtres et on aimait demeurer sur une note
d'insatisfaction rationaliste, on aimait buter sur un noyau irréductible qui ne s'effritait pas après analyse méthodique. L'attrait pour la sorcellerie et ses pratiques est venu ensuite (je parle
au niveau de la connaissance moyenne, de l'intérêt moyen du citoyen Lambda) éloigné de toute jouissance purement intellectuelle, et même le plus souvent vilement soutenu par un espoir de fortune ou
de domination sur les autres. Il y a une ou deux décennies, une jeune voisine effrayait mon aide ménagère portugaise, facilement apeurée, par des gesticulations de cape noire genre chauve-souris
géante derrière elle à la tombée de la nuit, par des cercles de gros sel disposés sur ma terrasse autour d'un crapaud mort dont les pattes avant désignaient ouvertement la maison donc sa
gardienne (ceci pendant une longue absence de ma part : l'énergumène n'aurait pas osé se manifester de la sorte si je ne m'étais fait remplacer pour soigner mes chats - ceux de l'époque!). La même
illuminée prétendait qu'une forte proportion de la population contemporaine (j'ai oublié le pourcentage, mais c'était ahurissant) pratiquait la sorcellerie à divers niveaux, le tout en
sourdine, jusque dans les plus hautes sphères intellectuelles ou politiciennes. A partir de "Rosemarys' Baby", la cause était entendue : autour de nous, tout près de nous, des présences malfiques
étaient à l'oeuvre, ou du moins tapies dans les ténèbres, prêtes à nous réduire à l'état de pantins terrorisés et démembrés d'avance. La télé, le cinéma, la littérature, tout le monde en a pris sa
part. D'où les éberluants triomphes d'Halloween il y a quelques années chez nous. Je vous en reparle demain, n'en parlez pas à vos chats qui seraient facilement effrayés. Vous, vous tiendrez le
coup.
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.