7 septembre 2009
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Progressant à pas de fourmi nonchalante (car quand elle court, elle va vite, la fourmi) sur mon
écran qui me relie au web et à tout le monde et son père via Facebook, je conçois que les échanges à partir des liens puissent remplir les journées de jeunes gens qui n'ont rien à faire (sauf que
c'est la rentrée, les ados! je l'entends dire et clamer partout, et même les ministres chargés du destin de l'éducation s'agitent un peu ces jours-ci pour faire bien dans le tableau : ils ne
savent pas trop de quoi il s 'agit, ils n'ont pas trop d'idées neuves sur la question mais on leur a soufflé qu'il y avait un problème à résoudre et, donc, ils s'avancent sur le devant de la scène
en répétant qu'il y a un problème et qu'il faudrait - là leur voix se fait spécialement énergique pour provoquer la confiance - lui trouver une solution : qu'on compte sur eux, ils vont s'y
employer, et on va voir ce qu'on va voir, dans un premier temps même on va fermer les écoles à cause de la chicoungougnia ou le microbe qui est à la mode cette année, ah mais, celui-là aussi il va
comprendre sa douleur et voir de quel bois on se chauffe dans les sphères décideuses). Les échanges à partir des liens, c'est formidable, mais malheureusement je ne sais pas encore sur quel bouton
appuyer (voyez-vous, je suis en matière de communications informatiques aussi époulaillée que chacun des ministres dans son domaine de prédilection, je ne sais vraiment pas par quel bout m'y
prendre). Et j'enrage de faire des progrès, mais quand on me suggère de cliquer sur une série de cinquante ou soixante signes variés, en ligne comme des soldats à la parade, soit je clique et rien
ne se produit, soit je m'efforce de recopier la ligne de signes débouchant sur les mystères de la Kabbale et, entre la trans- scription temporaire sur le premier papier venu et la retranscription
sur mon écran je suis sûre qu'avec mon air bête et ma vue basse j'ai fait des erreurs qui empêcheront la communication avec mes aimables correspondants. Ce serait pourtant prodigieux : imaginez
qu'au bout de plus d'un mois d'efforts conjugués (moi essayant de sortir de ma nullité, elle essayant de m'en tirer en m'encourageant) j'ai établi le contact avec une jeune Américaine qui cherche
ses racines du côté de mon vignoble, et qui m'a demandé, me prenant pour une jouvencelle en mal d'occupation : "êtes-vous la petite-fille de la poétesse?" Baignée de félicité je réponds que je suis
même la poétesse en personne. Eh bien ce matin, nouvel appel émerveillé : "Are you THE poetess?" Le ton incrédule me ravit. Vous voyez tout de même ce que cette fichue informatique amène dans ma
vie comme satisfaction lointaine, celle même qui m'est refusée "at home". Je voudrais lui faire savoir que les cinq gros volumes de la traduction de mes contes et nouvelles vont sortir en fin
d'année aux USA, eh bien croyez-moi ou non, je ne sais pas où écrire le "texte à partager" qu'on me suggère d'écrire. Faut-il être retardé, n'est-ce pas? Mais il faut dire que je suis toujours en
retard d'une guerre et que je compte toujours en anciens francs - voilà, le tableau est complet. A demain, si vous n'étes pas totalement découragés.
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.