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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 13:03
     Imaginez - je tâche de me mettre à votre portée, c'est pas gagné d'avance - que vous veniez d'écrire une lettre importante. D'affaires, d'amour, de remerciement, d'excuses, tout ce que vous voulez, pourvu qu'elle soit importante. Bon. Vous avez déjà recommencé deux ou trois fois, pas le bon papier, pas trouvé le guide-âne et pourtant bou diou il y en a grand besoin, pas la bonne encre, pas la bonne plume, enfin tout se trouve heureusement rassemblé, vous ne vous fiez même pas, prudents que vous êtes, à l'inspiration géniale qui normalement devrait se coucher sur la feuille blanche et se déverser en toute sérénité, vous avez fait un brouillon, vous l'avez recopié pour qu'il soit bien clair, l'un de vos chats ne l'a grignoté que dans le coin, pas trop de bobo, bref l'exemplaire à envoyer brille de tous ses feux, impecc, vous avez tout vérifié, le Nouveau Petit Larousse Illustré pour les pluriels, le Becherelle pour les conjugaisons, vous avez trouvé (avec du mal mais enfin c'est le résultat qui compte) une enveloppe assortie, vous avez encore des timbres sur votre carnet - tout baigne, quoi, tout baigne. Pour un peu vous vous mettriez volontiers à tourner autour pour l'admirer à loisir, ce produit de votre application sans défaillance. Et puis, ah mes belins-belines voyez comme les malheurs arrivent, le petit verre de porto que vous vous étiez accordé en récompense se renverse, l''enveloppe est transpercée, la lettre inondée, il n'y a plus qu'à recommencer (et ne dites pas que c'est bien fait parce que vous consommez  de l'alcool qui est si mauvais pour votre santé quand il est pris sans modération : si vous aviez renversé un verre de lait ou de jus de fruit sur la lettre le résultat serait le même, en pire peut-être). Bon, eh! bien ça vient de m'arriver! Non point le porto, non point l'enveloppe assortie, non point la belle feuille immaculée indûment barbouillée, mais bel et bien ma page de blog, sagement rédigée, où je vous exposais des états d'âme variés. C'est vous dire si ça va vous manquer que je ne recommence point, mais la désinvolture d'Internet (qui se glisse juste un peu avant votre signature pour vous informer que vous n'avez plus la connection, et qui en conséquence vous avertit que si vous ne vous reconnectez pas dare-dare votre travail sera perdu) dépasse les bornes. Se reconnecter dare-dare, d'accord, mais  comment faire? Sur quel bouton appuyer? quelle tirette pousser? quel poussoir manoeuvrer? quelle manette tournicoter? Vous m'imaginez, j'espère, dans ce cataclysme technologique contre lequel je ne peux rien,  avec mes faibles forces réduites à zéro par la perplexité, l'épouvante, le sens de mon indignité... Voilà où j'en suis, mes belins, mes belines : ce que vous lisez là c'est du réchauffé tout neuf, je n'ai même plus déjà le souvenir des beautés que je vous avais amoureusement exprimées dans un premier temps. Mais croyez-moi sur parole : c'étaient des beautés, tant pis pour vous! A demain,  sans rancune de part et d'autre.
                                                                                                         Lucette DESVIGNES.
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