19 septembre 2009
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C'est vai, j'aurais pu tout aussi bien vous parler d'intérêt dramatique, mais avouez qu'en latin ça
vous a une autre allure! Et puis ça me rappelle (il n'y a pas que Pinget qui se rappelle, ni Pérec qui se souvient, c'est permis aux autres aussi, non mais des fois) qu'en Première on ne nous
aurait jamais autorisées à dire autre chose que vis comica, vis dramatica - même les B, donc la section sans latin, étaient obligées d'y passer, mais heureusement pour elles
c'était assez transparent pour ne pas leur causer de difficultés supplémentaires. D'ailleurs il y avait là une salutaire insistance sur le sens du terme : dramatique, cela ne veut pas dire tragique
comme le croit si souvent de nos jours le citoyen Lambda, cela veut dire qui contient de l'action ou la fait avancer. D'où l"intérêt dramatique d'un roman, ou d'une pièce de théâtre :
c'est en général en relation avec la lecture ou la représentation. Les exemples sont si nombreux que je me contenterai de contre-exemples, pour bien éclairer mon propos : prenons un roman parisien
dont la critique parle, un petit roman qui a du mal à atteindre les 150 pages écrites gros et qui se cramponne mollement à son idée unique : mon nombril. Eh! bien, qu'on nous le présente direction
Nord, ou Sud, ou Est, ou Ouest tour à tour, puis qu'on reprenne la balade direction N.O. ou S.E., voire N.N-O. ou S.S-E, c'est toujours le même nombril, il n'a pas bougé de place, il se
retrouve toujours Gros-Jean comme devant au terme de toutes ces approches immobiles ( et nous, donc, mes belins-belines, au cas où nous nous serions aventurés sur ces terrains marécageux! Non
seulement Gros-Jean comme devant, mais enlisés sans espoir de survie ou morts d'ennui). Pourquoi? Eh!bien je vais vous le dire (c'est là la formule phare de nos politiciens interviewés, du style
certes, du panache oui, mais pas d'avancée dramatique pour autant).Parce qu'il n'y avait rien à dire, donc il n'y avait rien à écrire, et pourtant ç'a été écrit et édité et vendu, et
peut-être même lu faute d'autre chose. Moi je m'intéresse toujours à la manière dont les choses littéraires sont boutiquées, pas forcément du genre "Qu'est-ce qui fait courir les femmes à Séville
la nuit?" mais j'aime voir les développements s'apprêter de loin - ou tout autant les interventions soudaines qui vous démolissent toute la physionomie d'ensemble d'un groupe de personnages.C'est
vraiment ça, l'action - et pas au sens de l'action au cinéma, courses effrénées, explosions, bagarres en tous genres, accidents spectaculaires style Week-End (on a même fait bien plus - sinon
bien mieux - que Godard), bref on va pouvoir parler de l'intérêt dramatique si vous le voulez bien dès demain. D'ailleurs si vous ne le voulez pas, vous connaissez la parade. Qui m'aime me suive!
Bisous aux chats.
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.