1 octobre 2009
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Vous avez tous suivi l'affaire de cette joggueuse disparue dans la forêt de Rambouillet puis
retrouvée grâce aux indications de son ravisseur-meurtrier. Vous avez donc dû vous lamenter sur son sort - pauvre jeune femme, soucieuse de sa ligne et de l'élimination de ses rondeurs, rencontrer
pareil sort alors qu'elle ne demandait rien à personne! Oui, je pense bien que l'émotion est vive parmi vous, mes belins-belines, et que, sans être parvenus au bord des larmes (et encore : qu'en
sait-on? il y a bien des gens sensibles dans vos rangs), bon nombre d'entre vous auront eu la gorge serrée. Bon, d'accord : si toutes les femmes terminaient leur vie de la sorte alors qu'elles se
sont tranquillement lancées dans leur manière quotidienne de se garder en pleine santé, où irions-nous? mais où irions-nous? (remarquez que la forêt de Rambouillet c'est quand même un peu isolé
pour pratiquer son sport favori, moi je n'irais pas y traîner mes guêtres, mais moi je suis du genre pusillanime, si vous me connaissez un tant soit peu vous savez que j'ai peur de mon ombre, alors
dans une forêt où il y a tant d'arbres, tant d'ombres...). Mais enfin, mes belins-belines, j'en appelle à votre bonne foi, à votre sens de la justice : qui pense à se mettre à la place de ce pauvre
homme et de ses pulsions? Avez-vous songé à son désarroi lorsqu'il sent les désirs de meurtre monter en lui, que personne n'est là pour lui (re)tenir la main, qu'il se sent ravagé par
des élans coupables qu'il ne contrôle pas? Personne ne vous a dit qu'il est pleinement heureux quand il bondit sur ses proies, quand il les étrangle après les avoir attachées, quand il
se rend compte que son système glandulaire fonctionne de travers, quand il sent qu'une nouvelle crise chez lui va aboutir à un nouveau meurtre. Réfléchissez un peu au martyre de ce pauvre homme
: les derniers de son acabit qui avaient défrayé la chronique n'avaient pas attendu plus de quelques jours après leur sortie de prison, mais lui avait attendu deux ans (et c'est vrai que sa
bonne conduite intra muros de sa prison ne veut pas dire grand-chose, s'il est tout seul dans sa cellule il ne peut guère obéir à ses pulsions), mais rendez-vous un peu compte! Deux ans sans
commettre de meurtre, deux ans sans avoir étranglé ni tué ni violé! Vous qui connaissez la vie, vous savez si c'est terrible de se retenir, donc deux ans c'était vraiment un exploit. Pauvre
homme, tout de même! Se retenir aussi vaillamment, et puis, parce qu'une aguicheuse en petite culotte vient vous passer sous le nez, ne plus se retenir à cause de ses pulsions, avouez que c'est
triste!
D'autant qu'il ne sait même plus, le pauvre homme, pourquoi il a cédé aux voix ensorceleuses de ses pulsions. Ne vous trompez pas d'objet pour votre commisération : c'est lui qu'il faut plaindre. Ah! pourquoi ne l'a-t-on pas, d'office et en temps utile, débarrassé du siège coupable de ses pulsions? Je le fais bien pour mes matous, moi, en temps utile mais oui, c'est la solution. Comment avons-nous tous pu laisser ce pauvre homme en proie à ses démons?"Avec un petit couteau, voisine".., dit Lorca, pour couper la souffrance "à la racine même du cri". Avouez qu'on se montrerait rudement charitable si on adoptait cette ligne de conduite.
Lucette DESVIGNES.
D'autant qu'il ne sait même plus, le pauvre homme, pourquoi il a cédé aux voix ensorceleuses de ses pulsions. Ne vous trompez pas d'objet pour votre commisération : c'est lui qu'il faut plaindre. Ah! pourquoi ne l'a-t-on pas, d'office et en temps utile, débarrassé du siège coupable de ses pulsions? Je le fais bien pour mes matous, moi, en temps utile mais oui, c'est la solution. Comment avons-nous tous pu laisser ce pauvre homme en proie à ses démons?"Avec un petit couteau, voisine".., dit Lorca, pour couper la souffrance "à la racine même du cri". Avouez qu'on se montrerait rudement charitable si on adoptait cette ligne de conduite.
Lucette DESVIGNES.