2 octobre 2009
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J'avais attendu très longtemps (dans l'impatience et le désespoir que vous devinez) avant de savoir
qui était cette idole des jeunes dont j'entendais si souvent parler. Un beau jour tout de même j'eus le choc de ma vie : j'attendais une féminine beauté au sourire enchanteur et à la voix de
sirène, et je me suis trouvée à découvrir un barbu un peu hirsute, le regard caché sous des lunettes noires (toujours lançant des modes, je ne dis pas, mais noires quand même) - et la voix, dites
un peu! Pas le moindre cousinage, fût-il lointain, avec les sirènes, sauf peut-être des sirènes de chantier - et encore celles-ci se laissent-elles museler après avoir aboyé deux ou trois minutes.
Là pas question de réduire le bruit. Et pas d'erreur possible : c'était bien là l'idole des jeunes. Puisqu'il le chantait, je vous dis! (enfin, chanter, c'est trop vite dit : gargouiller peut-être
serait plus juste, ou éructer, ou glapir - d'ailleurs, cette voix brute de décoffrage est bien la caractéristique essentielle de cette idole : je l'ai par la suite entendue aboyer "Qu'est-ce
qu'elle a, ma gueule?" - je vous assure que je me suis sentie carrément menacée, à me faufiler sous la table comme pendant les gros orages électriques). Donc l'idole des jeunes, je connais
maintenant - à part la peur, ça ne m'a rien apporté, ni chaud ni froid, pour ne rien vous cacher. Mais c'était bien temps que je mette mes connaissances au goût du jour : car moi qui suis toujours
en retard d'une guerre, j'ai vu sur une converture de magazine (pas vraiment un "tabloïd", il ne comportait pas que des illustrations, mais du point de vue niveau ça n'était pas la crème de la
crème, "quoi qu'on die" comme on objecte si suavement chez Molière) j'ai donc vu que les jeunes s'étaient trouvé une nouvelle idole (pas sûr d'ailleurs qu'il s'agisse des mêmes jeunes, mais qu'en
sait-on après tout?). En tout cas, un vieux petit jeune homme à l'éternel sourire parmi les rides se vautrait sur un divan, comme s'offrant à une séance d'analyse faite par un autre pour corroborer
celles qu'il s'était offertes à lui-même toute sa vie - Dieu et moi - à raison d'un livre publié par an ou peu s'en faut. Je vous laisse jusqu'à dimanche soir (rappelez-vous : je ferme boutique
samedi mais je "rattrape" dimanche soir dans des senteurs de bouillabaisse) pour digérer cette histoire d'idoles, je vous raconterai une histoire d'idole de bois qui me permettra de
vous parler de La Fontaine. Bon week-end, mes belins-belines! A dimanche soir, tous fidèles au poste puisque moi j'y serai!
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.