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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 10:58

J’en vois qui font de leur blog une admirable construction poétique à valeur littéraire : en trois volets, les deux premiers tâchant de se suivre ou de se compléter, le troisième battant au vent de l’inspiration haïkuienne  (cela se dit-il ? si cela ne se dit pas, cela se dira après moi,  point barre : j’adore ouvrir de nouvelles perspectives à la sémantique, à la linguistique, à la formulation de l’expression ou de la pensée – vaste et noble programme, n’est-ce pas ?). Pour ma part, j’avoue faire petitement chaque jour, à la mesure de mes moyens, sans me construire une renommée de bloggueuse sur les données du quotidien, et pourtant mon quotidien  ce sont mes chats avec leur beauté personnelle, avec leurs manies, avec leurs passions ou leurs ressentiments (par exemple quand je caresse l’un d’eux un peu trop longtemps, vous devriez voir le regard de l’autre, le plus jaloux, mon chat élevé au compte-gouttes qui m’a regardé faire avec colère et se détourne de toute tentative de ma part pour le réconcilier avec la vie de famille). Autre exemple : quand je distribue des miettes de bifteck haché aux amateurs, le bêlement désolé de mon chat chanteur qui pour sa part n’apprécie pas mais se meurt de dépit de ne pouvoir partager la réjouissance collective. C’est beau, tout ça – presque autant qu’une ville la nuit, dirait Bohringer (et il s’y connaît, le mâtin ! en plaisirs nocturnes surtout,  je pense, mieux qu’en littérature en tout cas, mais ça marche quand même, vous savez, la littérature avec lui,  et rudement bien, même). Arrivée là dans mes ruminations personnelles, je dérive volontiers vers l’aveuglement du public – limitons-nous pour l’instant au public lisant, il n’est pas si nombreux après tout – paradoxalement aveugle, lisant souvent à travers des lunettes pour malvoyants qui déforment les couleurs, les tonalités, les proportions, les volumes : ce qu’il lit une fois ses lunettes chaussant son nez n’a plus guère de rapport avec ce que vous et moi aimerions trouver dans un livre, la qualité, le style, la chaleur, l’originalité de la pensée et de sa formulation… S’il faut ne lire que par amour de la littérature de gare, qui si totalement et si odieusement a pris l’habitude de devenir l’étalon pour la critique, qui foisonne, qui se couronne, qui parasite tout le terrain jusqu’à étouffer toute velléité de survie, alors à moi Œdipe ! Prête-moi vite la broche de Jocaste dont tu t’es si bien servi ! Je te l’emprunte juste un petite minute…

                                                                                  Lucette DESVIGNES.

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