17 décembre 2009
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On dit en général "Amour, amour, quand tu nous tiens..." avec des points de suspension rêveurs pour
laisser place au romantisme de l'évocation. Moi je voudrais ici, pour échapper aux angoisses que me cause l'actualité chirurgicale et hospitalière internationale, aborder le sujet du pèze.
Celui qu'on n'a pas, bien évidemment, et qu'on voudrait se procurer par tous les moyens possibles.Je laisse à nos banques, les grandes comme les petites, le ton geignard et plaintif qui réussit si
bien auprès des instances gouvernementales : ça se compte par tant de milliards, ces injections, ces subventions, ces assistances en théorie pour le bien public (en réalité profitant seulement à
ceux qui s'étaient déjà astucieusement préservés des effets malins de la crise, même et surtout s'ils l'avaient provoquée) que je ne peux pas suivre, ça me dépasse, d'autant que je compte toujours
en anciens francs, vous le savez déjà. Je préfère prendre mes exemples dans ce petit peuple de l'est de Londres, du côté d'Albert Square où le brassage paisible des ethnies et des
civilisations donne une idée de ce que pourra être chez nous le quartier Lambda une fois qu'on l'aura intégré à autre chose qu'une banlieue. Chacun, dans ce microcosme, court après l'argent,
essayant de lui placer le fameux grain de sel sous la queue qui permettrait de le capturer sans peine. Le facteur qui veut payer des vacances au soleil à sa bonne femme un peu grincheuse fait
le taxi de nuit. Le marchand d'assurances cherche des idées d'expédients à profit immédiat et tape ses anciennes liaisons pour avoir du cash. Le cafetier qui a emprunté gros au mafieux local pour
obtenir la libération sous caution de sa soeur accusée de meurtre se voit castagner et démolir par les sbires dudit. Le sous-mafieux local vise le rachat à la fois du café et du garage, pour
alimenter ses sources il accumule les extorsions et les pressions. L'ancienne vendeuse de ses charmes au plus offrant, désormais recyclée dans la vente des voitures d'occasion, joue de la
dénonciation anonyme par téléphone ou message, tandis que son copain de coeur se spécialise dans le vol à la tire. Au niveau adolescents, même effervescence : dès qu'un fonctionnement insolite
entre adutes est repéré, le chantage plus ou moins expert se met en branle. Il n'y a guère que la minus du coin, laquelle s'est laissé piéger un soir de ribouldingue et vient de mettre au
monde un loupiot de père inconnu, qui sans idée pour gagner de l'argent repose tristement les objets qu'elle vient d'acheter lorsqu'elle constate que son portefeuille ne soutiendra pas le choc. Les
majestueuses volutes de Franz Lehar peuvent bien mettre L'Or et l'Argent en arrière-plan musical de temps à autre, rien n'a tellement changé depuis cette réflexion d'un paysan de Marivaux, qui sait
qu'on ne peut rien obtenir "sans du comptant", or où donc trouver du comptant? partout, hormis chez le villageois qui n'en a point jamais (Je cite de mémoire, ça se voit). Donc, rien de nouveau
sous le soleil - mais dit en Latin, tout de même,"Nil novi sub sole", ça vous a une autre gueule pour conclure, avouez?
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.