Pour découvrir que le N°800, pérennisant pour l’Histoire le sacre de l’Empereur à la barbe fleurie, allait coïncider fort républicainement l’an dernier avec la célébration du 14 juillet, il avait fallu l’intervention d’un fidèle qui savait à la fois suivre mes gazouillis si suaves et compter sur ses doigts. Les miracles ne se répètent pas souvent, donc j’en suis réduite à mes seules forces pour calculer qu’on arrive à l’an mil en fin de semaine prochaine, mais je ne suppose pas que dans ces eaux-là je sois exposée à trop faire d’erreurs Prenons donc, comme on disait si élégamment chez Marivaux, prenons donc que le calcul soit bien fait. A vue de nez, du haut d’un cheval au galop (et après avoir fait la preuve par neuf), j’en arrive à découvrir que l’an mil, mes belins-belines, se situera un samedi – le samedi de la semaine prochaine. Vous voyez donc qu’on y arrive ! Il fallait simplement de la patience, mais n’est-ce pas là une vertu cardinale dont je vous ai toujours vanté la primauté ? Ne croyez-vous pas qu’il faille de la patience (entre autres choses) à nos présents candidats à la présidence pour accepter de répéter sans cesse en s’égosillant (c’est vrai : ils prennent l’un et l’autre des voix tout éraillées) les mêmes choses d’une fois à l’autre, avec les mêmes tournures de phrases, les mêmes formules, les mêmes ports de voix pour susciter les applaudissements toujours aux même endroits ? Et, pensez-y bien, ils ne sont pas encore au bout de leurs peines. Combien de jours encore devront-ils parader d’usine en champ de foire, de stade en salle des fêtes ? On n’a rien sans rien, mes belins-belines. Ne me dites surtout pas que ces pauvres gens ne marnent pas durement pour pouvoir assurer à leur petite famille des lendemains qui chantent…
