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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 10:28

 

 

            Les baisers sur la bouche imaginés – et réalisés techniquement – par Benetton pour sa pub provocante ont de quoi frapper l’attention des foules. Le pape et l’iman du Caire, Mahmoud Abbas et Nataniyaou, Barak Obama et je ne sais déjà plus qui, Angela et Nikos – avec quelle tendresse ! – etc.etc.,  tous romantiques dans leur réalisme foncier, doivent autant faire s’arrêter les passants pour contempler les affiches que déjà naguère,  lorsque ces mêmes affiches exhibaient le baiser d’une religieuse en cornette blanche et d’un prêtre italien  au large chapeau de prélat comme on n’en voit plus chez nous. Mais, me semble-t-il, se pose alors une question fondamentale : comment rattacher cet exhibitionnisme cocasse à Benetton ? J’ai beau me triturer l’esprit et l’imagination, je ne vois ni le rapport avec la marque, ni la portée de ces élans amoureux avec la marchandise proposée au bon peuple. De grandes affiches, a-t-on mentionné ? Probablement aussi des placards dans les magazines et revues, une page entière grand format ? Je ne vois de toute façon pas le trajet intellectuel à parcourir pour aller de la marchandise à ces baisers en passant par Benetton (ou à Benetton en passant par ces baisers). Mais peut-être ne suis-je guère douée pour cette pratique sportive : quand je vois la succession frénétique d’images d’une gamine qui se coupe les cheveux, change de tenue, fait des moues, s’habille et se déshabille au centième de seconde, le tout pour aboutir à une voiture « dépersonnalisée », je perds régulièrement les pédales. Mes neurones qui se rouillent, de toute évidence. Ou les neurones des générations actuelles qui se déglinguent, ce n’est pas impossible non plus.

 

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S
<br /> La publicité actuelle est une grande fabrique de récits étonnants : plus la publicité captivera le public, et le charmera, et plus le produit - n'ayant nécessairement aucun rapport logique avec le<br /> fragment d'histoire saisie - sera introduit subrepticement dans notre imaginaire, bien mieux que s'il était présenté pour lui-même.<br /> Benetton est la marque la plus habile dans ce type de viol psychique : des images scandaleuses et improbables, de vives couleurs, des personnages réunis qui ne le seront jamais ainsi dans la<br /> réalité commune, et voici ses pull-overs et autres vêtements comme auréolés d'un semblant d'utopie, ou d'un semblant de conscience des choses telles qu'elles sont et telles que notre désir de paix,<br /> insatiable et insatisfait, les souhaiterait.<br /> Comme le prestidigitateur qui attire l'attention sur une de ses mains, alors que c'est l'autre qui escamote pour produire l'effet de surprise, Benetton nous montre des utopies gentillettes (ne leur<br /> demandons pas de réflexion politique, elles n'en ont que l'apparence) afin de nous vendre sa camelote, au final, au moment de la chute.<br /> Nous vivons à l'ère de la fabrique des récits à l'occasion de n'importe quoi.<br /> La publicité s'est faite maligne, séductrice, ondoyante et louvoyante ; les qualités d'un produit sont vantés de manière accessoire, et, un jour, nous voilà bien étonnés, avec notre pull Benetton,<br /> de ne revêtir que de la laine, douce ou rêche, pour nous protéger du froid, tandis que le beau récit inducteur s'en est allé tapisser les oubliettes de notre mémoire.<br /> <br /> <br />
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