² Dans les pays dont on peut soupçonner l’emballement (et l’emballage) touristiques on vous prévient honnêtement : « selon les normes locales ». Vous pouvez ainsi ramener à de plus justes proportions les avantages des hôtels cinq étoiles, ce n’est que justice et franchise. Les chaînes de télévision feraient bien chez nous de s’inspirer de ces exemples pour donner quelque rigueur à leurs notations de films : voilà que je viens encore de me faire prendre et, bou diou, j’aime pas ça, non, j’aime pas ça. D’abord au départ le ballet j’aime pas. Je reste de glace devant les performances les plus acrobatiques des danseuses, je ne vois pas la raison de la transposition d’un texte argumentaire si menu, si rachitique qu’il apparaît presque comme à voir à la loupe et je préfère mille fois la musique de scène (sans les chorégraphies) à ces versions effeuillées, déchiquetées, réduites à leur thème le plus essentiel, ici jouées par un violoniste nécessiteux, là par un pianiste dans le besoin, reprises et reprises jusqu’à ce que la musique n’ait plus de sens (vous me direz que pour les représentations l’orchestre est là, et la partition est donc respectée dans toutes ses nuances : certes, mais dans ce film sur le cygne blanc et le cygne noir nous avons eu droit à toutes les séances de préparation ou presque, il n’y avait que les connaisseurs qui pouvaient voir les progrès. Ou même seulement les différences : faire connaître au cygne blanc les jouissances érotiques qu’elle ignorait pour que tout cela se déverse dans son jeu et que, nouveauté hardie, la même danseuse étoile puisse jouer le cygne blanc puis le cygne noir, c’est finalement le thème du film. Pari osé : d’abord danse-t-on avec abandon et sensualité seulement si on connaît la passion ? suffit-il d’être un peu débauchée pour devenir étoile parmi les étoiles ? Ensuite (et c’était depuis presque le début le dénouement que j’attendais) la triomphale représentation enfin réalisée ne pouvait être qu’ultime, l’étoile meurt de sa propre performance…Oui, je me suis bien ennuyée ; par bonheur je n’avais rien d’autre à faire…
