Autant je feuillette avec plaisir les catalogues qui m’arrivent par la poste, ce qui crée entre eux et moi un lien de fidélité, autant j’ai tendance à rejeter ceux que je trouve dans ma boîte aux lettres, malgré mes rappels d’interdiction de m’inonder de pub. Est-ce parce que la période des soldes les pousse à se dépasser ? Toujours est-il que je fais des découvertes. Ainsi, j’ai vu au rayon « bijoux cœurs » un pendentif qui m’avait l’air cassé, grignoté si vous préférez, avec comme la trace de dents de souris : eh ! bien non, il s’appelait amour à croquer (mais ce n’était guère engageant puisque l’érosion alimentaire était déjà commencée, comment imaginer qu’on aurait autre chose que des restes ?). J’ai enregistré aussi le terme demi-alliance, qui m’a surprise par son caractère restrictif : est-ce uniquement pour le meilleur et non pour le pire ? mais comment savoir au moment des noces ? Mieux encore (et avec la possibilité d’un crédit : si vous prenez le tout on vous fait un gros rabais et vous pouvez payer en plusieurs fois) : un lot de trois demi-alliances pour 450 Euros – c’est pas cher, c’est un prix de lancement, et vous voyez ce que vous gagnez à prendre davantage que nécessaire, car la première vaut 299 E, les deux premières valent 449 E, le lot de trois 450, à chaque fois le prix moyen diminue. Question à dix francs : pourquoi trois alliances ? Je sais bien que les jeunes générations raffolent de bijoux pour mâles, boucles d’oreilles, piercing etc. mais je vois assez mal une senestre d’homme parée d’un demi-jonc serti de diamants même si Madame arbore la même à son annulaire. Quant à la troisième… est-elle pour le compagnon ou la compagne du nouveau ménage à trois dès son installation dans la durée ? Ou sera-t-elle mise de côté précautionneusement par l’un des époux, en prévision du divorce suivi d’un remariage pour lequel on viserait à l’économie ? Quoi qu’il en soit, vous voyez que même le plus commercialement racoleur des catalogues peut servir à discussion de haut niveau. A demain !
Lucette DESVIGNES.
