Donnez un revolver à un adolescent et emmenez-le à la campagne : vous le verrez tirer sur tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge pas, en imitant avec la bouche le bruit des explosions pour mieux participer à l’action. Para bellum, disaient les Latins : prépare la guerre. Et c’est vrai qu’une fois armé, vous n’avez qu’une envie, c’est vous servir de votre arme. Pour tout Américain qui naît avec son petit fusil dans son berceau, il est indispensable de l’utiliser le plus tôt possible ; tant pis pour les dégâts collatéraux. C’est aussi pourquoi lesdits Américains ont depuis longtemps laissé derrière eux la fameuse doctrine de Monroe : l’Amérique aux Américains, c’était au début du XIXème siècle une devise de défense, Laissez-nous tranquilles, nous sommes assez grands pour régler nos petites affaires tout seuls, ne venez pas sur notre territoire car vous y seriez mal reçus. Parfait : chacun garde ses vaches comme il l’entend. Mais qui donc leur a donné le droit d’aller voir dans les autres contrées comment les autres traient leurs laitières ? d’intervenir d’abord pour donner des conseils? puis de remplacer les conseils par la protection armée, le partage en bons et mauvais, le châtiment des mauvais ? Le résultat de ces belles stratégies laisse les pays à feu et à sang – on est bien loin de la doctrine de Monroe, mais ça s’implante dès le petit fusil du berceau…
