1 décembre 2009
2
01
/12
/décembre
/2009
13:46
Toujours ce même panache quand les titres se calquent sur les titres latins - pourquoi ne dirait-on
point régulièrement même de nos jours "Du diabète et de ses régimes", ou "De l'abus du tabac" comme on disait encore au XIXème "De l'assassinat considéré comme un des beaux arts"? Avouez que cela
fait mieux que de simplement énoncer "Romans historiques" - c'est pourtant d'eux que j'aurais envie de vous parler aujourd'hui, impressionnée d'avoir vu dans une librairie une table entière
couverte d'une bonne centaine de bouquins regroupés sous la même étiquette. Je vous ai déjà exposé mon analyse de ce fait de société, à savoir cette vogue des romans historiques chez les lecteurs
comme chez les auteurs : la combinaison de la forme romanesque (qui plaît à l'imagination) et de la documentation sur l'époque (qui tente de combler les lacunes des connaissances) contient une
force imparable au niveau du public, large, voire super large XL, de préférence. Ce que nul lecteur n'aurait envie d'apprendre à partir d'un compendium aussi exact et détaillé que possible
sur la période visée (cela lui demanderait trop d'effort, il a passé l'âge des leçons, non mais des fois!), il est tout prêt à l'ingurgiter si on lui raconte une histoire, ainsi espère-t-il faire
du "deux en un" (voir sujet déjà traité plus haut), c'est-à-dire apprendre en s'amusant, s'instruire sans fatigue, et même en se délassant. Pour pratiquer les coulisses de l'écriture, autrement dit
la cuisine des traiteurs, j'avoue que c'est là un rêve illusoire : je doute fort qu'une lectrice d'un roman sur 'lEgypte ancienne retienne grand-chose de son contact de 2 ou 300 pages avec la
civilisation des Pharaons, à quelque dynastie qu'on les empoigne. Et je m'amuse du succès - patent, tonitruant, reconnu, écrasant - d'un roman consacré il y a deux décennies : si patent qu'au salon
du Livre de Paris on ne pouvait même pas aller aux toilettes sans tomber sur des crinolines et des ombrelles! La recette du livre était si patente elle aussi qu'on s'étonnait qu'elle ne décourageât
personne : a) - tous les chapitres impairs consacrés à l'histoire-récit, tiraillée en accordéon par-dessus le "sérieux"; b) - tous les chapitres pairs consacrés à l'instruction du bon public : le
coton et sa culture, le Mississippi et ses crues, l'esclavage aux Amériques etc. Avec un peu d'astuce, si vraiment vous étiez tellement pris par l'histoire que vous désiriez laisser là,
carrément, votre programme éducatif, vous pouviez hardiment sauter les chapitres impairs, personne n'y perdait rien, votre désir d'amélioration culturelle se dégonflait, votre jouissance littéraire
restait ce qu'elle s'annonçait au départ, guère exigeante... A mon humble avis, il faut autre chose pour concocter du roman historique qui tienne la route, hélas! hélas! hélas! (On disait ça pour
les deux dernières pièces, exécrables, de Corneille: "Après Agésilas, hélas! Mais après Attila, Holà!" Et Corneille s'était tu... Hélas! le découragement imparable d'il y a deux décennies n'a
touché personne, on continue à en redemander, et ça pullule, ça pullule. A demain, hors l'Histoire point de salut, Sauve qui peut!