Comment lâcher un bon filon, mes belins-belines, surtout lorsque, les programmes de télé aidant (lesquels sont mis à la disposition de tout le monde : on peut donc bien espérer que votre choix et le mien coïncideront), vous le retrouvez devant vos yeux ? alors que déjà l’une des plus fidèles des groupies passionnées par mes gazouillis se désolait de voir le sujet Proust s’éloigner et que mon cœur saignait de la faire souffrir ainsi ? Eh bien non, ma chère, vous aurez droit encore à un petit supplément ! Loin de la Mme Verdurin–Dominique Blanc qui chez Companeez démontrait presque qu’elle méritait son ascension au cœur de chez les Guermantes, plus proche de la Verdurin-Marie-France Pisier aux manières insupportables, au rire crispant et à la bêtise avantageuse, la Verdurin–Marie-Hélène Barrault et sa mâchoire qui se décroche quand elle rit trop fort occupe fort bien une place intermédiaire dans la vision du personnage, celle de « la Patronne » qui régissait son monde de médiocres, imposait de la musique, de la peinture – ou plutôt des musiciens et des peintres – et entraînait tout son monde à l’Opéra (« pour écouter du Massenet ! »grinçait Swann en levant les yeux au ciel). L’accent mis sur son action secrète – celle qu’avec ses rudoiements bon enfant elle peut avoir sur l’indolente Odette – apparaît avec Schlöndorff sinon au grand jour, puisque c’est un « extérieur nuit », tout au moins avec netteté : à la sortie de l’opéra, Swann espère ramener Odette chez lui dans sa voiture (il a fait atteler de nouveau les chevaux déjà rentrés à l’écurie pour la nuit), mais Mme Verdurin, qui voudrait « caser » Odette en lui faisant épouser ce jeune crétin de Forcheville, engage carrément une lutte d’influence auprès de la jeune femme déjà toute heureuse de suivre Swann dans sa calèche. Cet « Odette, venez-vous ? M. de Forcheville vous attend » vaut bien un « Odette, je vous ordonne de venir »…L’autorité de la marieuse-entremetteuse (car elle a d’autres moyens de lancer Odette dans la notoriété) apparaît ici tout entière, dévoilant son rôle entre le siècle et le demi-monde….Et Swann, abasourdi par cette algarade sans délicatesse entre un fiacre et une calèche, demeure pantois, muet, vaincu, lui qui a des manières…