Autant j’aime les récits fantastiques s’ils sont de qualité (croyez-moi, cette exigence amène tout de même un gros bémol), surtout ceux qui vous laissent pantois à leur conclusion, quand tout a l’air expliqué rationnellement mais que votre raison continue à buter sur un noyau dur irréductible (chez Ambrose Bierce, chez Lovecraft, quelquefois chez Stephen King – mmm ! on se régale), bref autant le fantastique le plus insidieux m’enchante, autant je reste de glace devant les histoires d’anticipation situées dans les galaxies intersidérales. J’avais assez aimé l’Odyssée galactique de Kubrick, probablement parce que les populations primitives (franchement simiesques, même) du début se trouvaient confrontées au problème du mal, de la haine, de la guerre et qu’on était amené à réfléchir (d’où du même coup la détestation des dernières séquences sur valses de Strauss, calamiteuse conclusion privée de sens). Mais franchement je refuse de regarder les innombrables séries d’individus aux faciès plus ou moins déformés par des hideurs de cauchemar (Monsieur Spook étant le plus mignon des bébés de toutes ces couvées), où les affrontements se situent à des échelles incommensurables et désormais de plus en plus banales parce que c’est difficile d’avoir l’imagination qu’il faut à ces niveaux de fabrication d’images et de narration. « Dune », que j’avais adoré comme roman, n’a été qu’une pénible farce une fois tourné en film. On pourrait certes consacrer toute une étude à « Doctor Who » qui, à grand renfort d’effets spéciaux scientifiquement expliqués, se tire à peu près bien d’une aventure interminablement recommencée : il est de fait que dans sa catégorie la série tient à peu près la route, qu’on peut la regarder semaine après semaine si on est vraiment accro. Mais on ne m’ôtera pas de l’idée que lorsque ce brave docteur atterrit en pleine époque shakespearienne avec représentations au théâtre du Globe avant son incendie, ou que lorsqu’il pose sa cabine téléphonique bleue à Pompéi juste quelques heures avant l’éruption du Vésuve, on a tout de même une autre structure, une autre épaisseur de matériau, une autre vérité dans les personnages. L’histoire, que voulez-vous mes belins-belines, l’histoire…