Il m’est apparu soudain, mes belins-0belines, que depuis que mon blog existe je trahissais mon féminisme de manière désinvolte et aberrante. Même depuis que les quotas de parité électorale se sont mis à fleurir, sinon sur les listes de candidats, du moins dans les recommandations faites aux machos du coin, on dit toujours « Mesdames et Messieurs » (on a supprimé le « Mesdemoiselles » intermédiaire pour ne pas faire insulte aux vierges prolongées, mais le « Mesdames » reste en tête). Nos amis anglais disent aussi élégamment que jamais « Ladies and Gentlemen », respectant une hiérarchie de courtoisie qui pourrait paraître teintée d’ironie si on grattait un peu sa surface. Bref, à y regarder de près, on devrait faire passer l’élément féminin avant son contraire. Et qu’est-ce que je dis, moi ? qu’est-ce que je répète depuis la nuit des temps, en reprenant l’apostrophe de la Mère Cotivet ? Je dis « Mes belins » avant même d’articuler « mes belines » - a-t-on idée ! Il faut dire que la formule habituelle retournée comme un doigt de gant sonne rudement mal : « Mes belines- belins », c’est comme une sorte de vulgaire « M’sieurs dames », ça ne vient pas sous la langue, on risque tout juste de s’emmêler les pinceaux au lieu de saluer avec cordialité. Je vous adjure donc, tout en conservant une formule devenue traditionnelle entre nous, de bien vouloir croire en mon féminisme (reprenez mes blogs ici et là pour vérifier qu’il affleure, voire se démène violemment, aussitôt que le sujet le mérite). Ce qui ne m’empêche pas d’évoquer avec attendrissement cette matinée où en troisième année de Droit le prof de Droit maritime, survolant d’entrée son auditoire clairsemé, avait débuté son cours par « Mademoiselle et Messieurs » - car j’étais toute seule de fille sur les bancs de l’amphi…