19 janvier 2010
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Non point l'équivalent d'un Bucéphale, d'un Pégase - si uniques que même sans doute doués des attributs les mieux destinés à la
procréation ils n'ont ni l'un ni l'autre fait souche - non point un héros des haras (ha!ha!), mais tout simplement ce qui est déposé "au pavillon de Breteuil à Sèvres" comme me le souffle ma
mémoire du Certificat d'Etudes, qui est en platine iridié et qui sert de mesure au monde : il n'y a qu'à reporter sa longueur quarante-deux mille fois et on obtient, si je ne m'abuse, la longueur
d'un méridien terrestre, autrement dit le tour de taille de la terre. Voilà, c'est bien cela (et non les chevaux que j'aime et admire mais dont j'ai peur) que j'ai choisi comme thème pour
aujourd'hui. Il y a en effet de ces références auxquelles la majorité du bon public croit dur comme fer pour servir d'étincelants modèles, et auxquelles toutefois le reste (une toute petite
minorité, une pincée de poudre, pour ainsi dire un soupçon de rien) n'accorde aucun crédit. Disons que pour aujourd'hui je me cantonnerai dans mon domaine le moins mal connu, la production
littéraire (et si vous connaissiez les lacunes dont j'y souffre vous vous demanderiez bien ce que je peux valoir en bourse sur d'autres champs de foire). Parce que j'en connais, sinon un rayon, du
moins quelques représentants, et sur eux j'ai voulu bâtir mes jugements. Sans doute vous paraîtront-ils téméraires parfois, tant pis! J'ai déjà signalé que la littérature de gare, qui autrefois se
tenait honnêtement sur son petit quant à soi et ne cherchait pas à s'aligner au niveau du reste, avait repris de l'agressivité, comme les minorités qui en toutes contrées et tous azimuts relèvent
la tête et veulent faire voir du pays au monde entier. A telles enseignes que peu à peu elle en est arrivée à se hisser au niveau d'étalon : c'est par rapport à elle que désormais on juge les
oeuvres littéraires, malheur de ma vie! Les jurys de nos grands prix (hi!hi!) la font entrer dans leurs cogitations, sinon pour se décider, du moins pour comparer et souvent l'écartent avec un
regret visible. Je connais (depuis longtemps, hélas!) un écrivain de ce calibre qui a inondé le lectorat français de ses pompes et de ses oeuvres et dont personne ne peut arriver à se débarrasser;
elle a même baptisé "Jeanne R." ce qu'elle appelle une nouvelle (envoyez-la moi pour que je l'instruise!) en résumant le roman de Charlotte Brontë pour une revue de lecture à disperser dans les
chaumières... a-t-on idée! Et même, pour faire moderne, elle se lance dans "les profondeurs abyssales de l'impudeur " (dixit critica) et le lesbianisme pour faire cesser (il en est grand temps!)
son étiquette de pensionnaire des Oiseaux ou au moins de fillette vouée à la Vierge. Mais l'un ne vaut pas mieux que l'autre pour la production littéraire, povera ohimè! Pourtant c'est ça qui
domine le marché, le marché constant, à l'écart des grands tsunami des révélations inattendues... L'étalon, je vous dis! Si je n'avais pas décidé d'en rire, j'en crèverais! (Mais je ne veux pas
laisser mes chats orphelins). A demain.
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.