Mea Culpa du N°727 : Lire « termes » (de grammaire), ligne 8, et non « terme ».
Il y a un enchantement spécial à dévider des suites de mots ou de sons pour lesquels le sens a fini par à peu près totalement disparaître. Croyez-vous par exemple que la grand-mère qui récite son chapelet suive véritablement par la pensée consciente une salutation à Marie qu’il lui faut répéter mainte fois et qui doit la mener jusqu’à l’heure de sa mort ? Ou que le Notre Père récité en chœur conserve nettement ses impacts successifs : le pain quotidien, la tentation, le pardon des offenses, surtout – surtout – la délivrance du mal ? Et cependant les murmures collectifs se prononcent sans une bavure, sans un bégaiement, parce que l’on en est arrivé à une fonction absolument machinale. C’est de la même manière que se déclinent les comptoirs que la France possédait en Inde – et qu’est-ce que c’était bien qu’un comptoir, pour l’élève en histoire que j’étais ? Tout juste si je ne le voyais pas comme un boulier, dont j’avais eu l’occasion de me servir avec maladresse. Donc des comptoirs en Inde avec des noms aussi imprononçables qu’enchanteurs. A dire dans l’ordre : les deux plus impressionnants d’abord, Pondichéry et Chandernagor, rutilants et rugueux, les plus chantants ensuite – Yanahon, presque sans épine dorsale, Karikal , allègre et dansant, enfin Mahé, à bout de souffle. Et pas question de changer l’ordre : essayez une fois, comme disent nos amis belges, de dire Mahé et Karikal – vous voyez bien que ça coince. De même Metz, Toul et Verdun : il y a un ordre établi une fois pour toutes. Je donnerai un bon point la semaine prochain à qui me dira ce que ces trois derniers noms veulent dire.