Je pourrais me mettre au goût du jour et faire un effort en direction de l’athlétisme, mes belins-belines, mais je crains d’outrepasser mes faibles forces en la matière et d’avoir à faire à trop forte partie, avec le monde entier du sport qui s’est déplacé à Londres, chaque sportif vainqueur ou vaincu donnant son avis sur les performances immédiates, chaque critique rappelant faute d’autre matière les records d’il y a vingt ou trente ans, histoire de nous montrer que la nature humaine n’arrête pas de progresser. Bref je ne pourrais guère rivaliser avec les professionnels de l’athlétisme, et d’ailleurs je suppose que le petit groupe des bloggueurs qui reste accroché à mes jupons n’est pas tourmenté par la connaissance des résultats à peine sont-ils connus : s’ils ont tenu le coup avec Proust, c’est que les J.O. ne les emplissaient pas plus que moi d’une fièvre gymnique tyrannique. Ne croyez pas pour autant que je méprise les exercices du corps : vous serez peut-être surpris d’apprendre que le jeudi, jour de congé des collèges, mon frère et moi allions au stade Garibaldi faire de l’entraînement athlétique : lancers de poids, départs de course, grimper à la corde… le tout avec en vue notre Brevet Sportif Populaire, création du gouvernement de 1936 qui n’avait pas été remplacé par quoi que ce fût sous Pétain : nous l’avions décroché tous les deux, c’était comme une occasion de gloire…Et j’étais même championne de course de mon collège, pas course de fond mais course de vitesse…Mens sana in corpore sano : à cette époque-là tout le monde comprenait, quitte à fiévreusement feuilleter les pages roses du NPLI si les bonnes études n’étaient pas là à la racine. Aphorisme à valeur toute relative, d’ailleurs : la fille dont j’admirais l’esprit de répartie et le sens de l’humour pleurait avant de (refuser de) sauter et gémissait lamentablement quand, transférée au pied de la corde lisse, elle avait une frousse bleue de quitter le plancher des vaches ne fût-ce que de quelques centimètres.