La lecture des journaux se consacrant presque exclusivement aux « people » me réjouit quand je passe une heure ou deux chez ma coiffeuse. Non seulement il y a pléthore d’images, ce qui soulage d’autant le travail des neurones, mais en outre ces gens sont si éloignés de mes conceptions de vie et de morale que je les découvre comme, disons, on devait découvrir les Fuégiens au Jardin des Plantes au début du XXème siècle de défunte mémoire. J’avais déjà trouvé drôle (mais j’ai un pied dans la tombe, ne l’oubliez pas) que le prince héritier futur roi d’Angleterre ait eu derrière lui, outre des aventures variées et dûment photographiées, une vraie vie popote avec la femme de son choix (d’ailleurs c’était plutôt elle qui l’avait choisi : dans sa famille, paraît-il, on la préparait depuis longtemps et sérieusement à la conquête du trône) Mais puisque la grand-mère était d’accord, l’ensemble jaune soleil avec chapeau assorti faisant foi, je n’avais rien à redire. La lecture de ce matin souligne que l’Angleterre attend dans l’extase que la sœur récidive, offrant au pays un second mariage princier : tant qu’ y a des princes, y a d’l’espoir. La sœur, jusqu’alors savamment dans l’ombre, se révèle au grand jour : aussi belle que l’autre, sportive, pleine de grâce et de ce que les Anglais cultivés appelaient de mon temps « many accomplishments », elle sait que son Mr Right ne sera qu’un prince ou au moins duc, ou un banquier possédant sa banque, ou un industriel susceptible d’annoblissemùent par sa fortune et sa réussite économique … Voilà encore une « Waiting Pippa » bien placée sur la bonne orbite, d’autant qu’elle sera sans doute dame d’honneur de sa sœur la future reine et qu’ainsi elle pourra examiner tranquillement les partis possibles. Cela réserve encore bien des cancans à installer sur la comète, pour les braves gens qui aiment ça. Histoire de mouiller leur petite larme d’attendrissement devant la candeur de ces robes blanches avec voile immaculé et longue traîne qui vous refont une virginité en moins de deux…
