3 avril 2010
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Une de mes amies chères vient de me rappeler que "Les Fausses confidences" de Marivaux allaient être diffusées à la télé. Naturellement j'ai loupé le coche : trouver à la
fois le jour, la date, la chaîne, cela faisait trop pour moi.Je me demande seulement s'il s'agit de la version Comédie Française avec Jean Piat ou avec Georges Descrières, donc avec Hélène
Perdrière ou Micheline Boudet. Qualités différentes, charmes différents - un bon point pour l'une comme pour l'autre, même si je préfère Micheline Boudet dans l'une et Georges Descrières
dans l'autre. C'est un peu triste qu'on doive attendre si longtemps que ces pièces indémodables (puisqu'elles sont déjà au départ inscrites dans leur mode: dialogue, badinage, peines de
coeur cachées, tout autant que dans les perruques poudrées et les robes à paniers) soient inscrites régulièrement au programme (pendant un moment au contraire, "La Double Inconstance" paraissait
insubmersible, mais il y a longtemps de cela). Je me rappelle surtout cette floraison éblouissante en 1963 - bicentenaire de la mort du dramatuge - qui nous proposait presque chaque semaine une
de ces pièces qu'on ne jouait jamais - "L'Epreuve",; "Les Acteurs de Bonne Foi", "Le Dénouement imprévu", "L'école des Mères" ou ce superbe "Préjugé vaincu" si plein de subtilité. Chaque
compagnie, fût-elle inconnue, avait tenu semble-t-il à célébrer Marivaux à sa manière. C'était parfois un peu naïf, mais non sans charme. Et croyez-moi ou non, c'étaient les grosses
machines prétentieuses qui passaient le moins bien : Lavelli (je crois bien que c'était lui le metteur en scène) et "Le Prince travesti" qui dès avant la première scène nous montrait dans un coin
du théâtre la Princesse de Barcelone en train d'accoucher (oui! car du texte avait été extraite l'idée saugrenue qu'elle portait en elle son destin royal, donc qu'elle serait à la fin
tlut naturellement heureuse d'accepter la main du roi de Castille et non point seulement consolée de ne pas avoir gagné le coeur de lélio... Je vous le dis, quand les metteurs en scène
raffinent sur le détail, où cela ne nous entraîne-t-il pas!), ou encore "La Dispute" , cette féerie délicieuse, jouée en robe de soirée et smoking blanc - et vraisemblablement dans les vapeurs du
champagne - tout cela ne s'acceptait guère facilement. Mais le texte était là tout de même et tout le temps, précieux, léger, élégant, plein d'émotion, que Bluwal entre autres savait si bien
respecter et mettre en lumière... Le tricentenaire de la mort de Marivaux ayant lieu en 2063, il va nous falloir attendre encore un bon bout de temps avant une nouvelle éclosion d'interprétations
inédites. Je regrette d'avance l'installation dans un vaisseau spatial en direction de Mars ou de Vénus, avec valetaille robotique en métal inoxydable.; j'aurais vraiment bien aimé voir ça.
Tant pis! A mardi, mes belins-belines . Vous savez bien que je me repose les dimanches et les jours fériés...
Lucette DESVIGNES.