Mea Culpa N°880 : ligne 11 à partir du bas – Lire « accolades » (chaleureuses) au lieu de « accolages ».
Les théologiens, ceux des temps héroïques comme ceux de notre temps, parlent volontiers de la fameuse « felix culpa » qui tire un bien d’un mal (lequel pourrait être, ce mal, un malheur, un péché, voire un crime ou du moins un manquement grave au code de la civilité puérile et honnête avant même qu’elle fût établie dans les textes). C’est un petit peu la tonalité de la fin de « Polyeucte », lorsque le gouverneur Félix (oui, la rencontre est heureuse, mais je ne l’avais pas programmée) déclare « terminée cette heureuse aventure », à savoir l’exécution sur son ordre du martyr chrétien époux de sa fille Pauline : Voltaire condamnait à juste titre la légèreté de l’expression, plutôt déplacée quand « on vient de faire couper le cou à son gendre », disait-il – Corneille, en voyant le côté « heureux » de l’affaire, se sentait tellement transporté par la conversion générale que pour un peu il aurait oublié les affres du pauvre Polyeucte (mais ne le plaignons pas trop : son martyre le fait entrer au paradis dès l’instant présent, lui évitant de connaître d’éventuelles trahisons conjugales, ou la maladie, ou encore la vieillesse qui le guettaient sans doute tout au long d’une vie ordinaire). Encore que dans mon cas il ne se situe point à ce top niveau de raisonnement théologique et de foi, je brandirais volontiers mon « mea culpa » parmi les choses « heureuses » de ma journée. J’avais fait une faute, certes – mais je l’avoue, donc on me la pardonne à moitié, et par-dessus le marché j’observe qu’elle porte le N°880. Non pas 880 fautes déjà commises dans mes entretiens quotidiens avec vous, mes belins-belines – j’aurais quand même honte de publier ainsi mes insuffisances, surtout de ce volume – mais bien 880 pages de compagnonnage feuilletées ensemble : si je savais compter je vous dirais avec fierté depuis quand ça dure entre nous, ça doit commencer à faire une paye et on va même bientôt arriver au moment de l’anniversaire du départ de la course. Je vais faire mon possible pour vous calculer ça, en prenant mon temps j’y arriverai peut-être.