C’est qu’il y a les nuits de garde, où le personnel est moins nombreux, où les accidents et accidentés arrivent à la pelle nonobstant, comme on dirait au Grand Siècle, et où la fatigue paradoxalement donne des forces nouvelles après une ou deux interventions d’urgence spécialement compliquées – l’énervement arrivant à son comble surtout s’il s’est agi d’un affrontement de théories au cours de l’opération, avec arguments bataillant les uns contre les autres par-dessus les ouvertures d’abdomen ou de thorax. Il arrive – ô la vis dramatica de l’épisode… - que la discussion reprenne et s’envenime une fois les gants de caoutchouc ôtés et la coutellerie remise en place : le ton monte, le vocabulaire se pimente, heureusement que les patients dans les salles attenantes ont eu leur petit somnifère pour assurer une bonne nuit, les chirurgiens sont prêts à en venir aux mains. Mais heureusement, s’il s’agit d’un couple bisexué, il est presque automatique que la querelle se transforme en empoignement passionné, les paroles cessant devant les actes, les intéressés disparaissant à notre vue (mais ayant tout de même suffisamment pris de l’avance pour que nous n’ignorions pratiquement rien de ce qui va se passer ensuite dans le bureau de l’un ou de l’autre, parfois même, si les bureaux sont trop éloignés, c’est le vestiaire qui fait l’affaire - pauvrement d’ailleurs : c’est souvent à ce moment-là que quelqu’un d’innocent a quelque chose à aller chercher dans son casier). Je n’ai eu connaissance jusqu’à présent que de dénouements (fort temporaires) entre partenaires de sexe différent, mais attendez un peu que la Gay Pride passe par là, les données pourraient évoluer… A demain.
Lucette DESVIGNES.
