28 janvier 2010
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C'est ce que je vous avais annoncé hier en conclusion, accablée que j'étais de penser qu'on pouvait sans frémir accepter de modifier un nom
par un adverbe - mais oui, c'était l'horreur! Et je vous avais laissés, mes belins-belines, sur des exemples qui me révulsaient. Tout compte fait, je me demande aujourd'hui, après une nuit
d'insomnie et de méditation sur ce point, si au contraire vous n'aviez pas haussé les épaules en trouvant qu'un adverbe pouvait bien modifier tout le monde et son père, cela ne vous faisait ni
chaud ni froid. Sic transit gloria mundi - ainsi passe la gloire du monde, la gloire, c'est-à-dire le corpus de ce qui a fait notre expression la plus reconnue (en effet, si on ne sait
plus quelle est la fonction de base des parties du discours, et si en plus de ça on s'en moque, où allons-nous, mais o*ù allons-nous?). Ah! mes belins-belines, un adverbe c'est fait pour modifier,
mais pas n'importe quoi! Une préposition, ça sert à introduire, mais pas n'importe quoi non plus. Chacun a sa fonction en grammaire, de même que chacun de nos ministres. Que deviendrions-nous si
nous n'avions plus Woerth et Lagarde pour nous dire que tout va bien? si nous n'avions plus Besson pour nous dire que les immigrés n'ont jamais posé problème chez nous? ou Sarkozy pour nous dire
que nous volons vers des avenirs radieux? Eh bien je vais vous le dire, moi : on croirait tout simplement que ça va mal, que les immigrés sont pour nous un problème purulent, que l'avenir est
sombre jusqu'à l'obscurité totale. Vous voyez à quoi nous échappons si nous écoutons nos ministres - et c'est facile : on les voit et on les entend souvent, il n'y a qu'à tourner un bouton
(question à dix francs : le tourner dans quel sens?). J'en reviens à tirer mon échelle : je vais conclure cette promenade entre les mots puisqu'elle vous fatigue, mais non sans vous signaler
quelques horreurs auxquelles vous devrions bien faire attention. De même qu'on ne peut pas modifier un nom par un adverbe si puissant qu'il soit, de même on ne peut pas dire J'ai très faim, j'ai
très soif, ça me fait très plaisir... Mais non, mes belins, mais non mes belines, il faut dire J'ai grand faim, j'ai grand soif, j'ai grand peur, j'ai grande envie... Comme quoi vous voyez que les
fautes de langue dataient d'avant les tendance, classe ou boutique de notre temps. Pas une raison pour les ajouter à votre panoplie.Et puis, à vos chats, vous vous devez de donner de
bonne habitudes.