20 novembre 2009
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Retour de chez l'homme de l'art (j'avais pris mon rendez-vous avec lui il y a plus de six mois,
c'est vous dire si les places sont chères et surtout si j'avais failli l'oublier : c'est un coup d'oeil distrait à mon agenda qui m' a rappelée à la réalité, donc à sauter ce matin dans un taxi).
Je ne veux pas entrer dans les détails, mais tout de même il est bon que vous sachiez que tout va bien : après tout, nos hommes politiques qui nous cachent leurs cancers, leur Althzeimer, leurs
malaises cardiaques (n'avons-nous pas eu un miraculé avec Chevènement, un ressucité avec Chirac à son premier effondrement, un autre ressuscité avec Sarko à son premier AVC? - et je vous passe les
prostates et leurs complications) ou autres Parkinsons nous doivent la vérité ou je meurs, or sait-on bien si ce que leurs communiqués d'hospitalisation ou de décharge nous proclament c'est le vrai
du vrai? Moi je vous dis tout, et certes je n'ai pas la prétention d'occuper dans la hiérarchie politique ou sociale une place aussi prépondérante que l'un ou l'autre des susdits, mais tout de même
vous seriez bien ennuyés si brutalement le robinet de mes propos journaliers à six jours sur sept venait à se tarir pour de bon. Donc tout va bien sur l'ensemble du front : la cataracte droite a à
peine mûri en quatre ans; les paupières du dessus ont doublé leur surface, c'est le privilège de l'âge ma bonne dame, ça arrive même aux messieurs, à preuve, si on les fait dédoubler au
bistouri on est remboursé par la Sécu, alors que les valises sous les paupières inférieures relèvent de la chirurgie esthétique et c'est à vos frais si vous vous faites remonter la peau qui se
déglingue au-dessus des pommettes. Rien n'a donc beaucoup changé, si ce n'est les techniques qui se modernisent à la vitesse du vent (mais j'étais déjà au courant, docteur : il y a belle lurette
qu'on n'ouvre plus l'oeil comme on me l'a ouvert sur le dessus, avec recouture pour rejoindre les deux bords de la fente, et tant mieux, parce qu'on m'avait laissé un petit bout de fil qui m'a fait
souffrir le martyre pendant des mois, tant qu'il n'a pas été recouvert de collagène ou de synovie, bref, de ce truc visqueux qui durcit en séchant, vous voyez bien ce que je veux dire). Ah si, tout
de même, quelque chose a changé qui est visible à l'oeil nu : quand on vous fait lire le paragraphe le plus petit, tout en bas (et qu'on se demande ce que font là-devant les presque analphabètes,
tant c'est de la littérature alambiquée exprès pour que votre logique n'aide en rien au déchiffrage) j'ai eu du Maupassant aujourd'hui - incroyable mais vrai! D'habitude c'est du Descartes, du
Pascal des jours obscurs, voire du Chateaubriand (et je vous jure que c'est gratiné, on a du mal à s'en dépêtrer). J'ai dû demander de qui c'était, ce devait être du Maupassant des brouillons, je
n'ai pas pu reconnaître mon cher Maupassant qui a écrit les plus belles nouvelles du monde, aussi bien n'étais-je point venue pour un cours de littérature, mais j'ai pensé à vous mes
belins-belines, si MOI je ne trouvais pas l'auteur, qu'auriez-vous bien pu faire à ma place? A demain!
Lucette DESVIGNES.
Lucette DESVIGNES.