Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 10:07

            Ou je fais les choses complètement, ou je ne les fais pas du tout: ce dont j’ai horreur c’est de les faire à moitié. Par exemple, le grand ménage de printemps, quand je l’ai décidé, c’est le branle-bas de combat, tout est retourné, les tapis battus, les taches sur le noyer des meubles frottées au bouchon de liège, tout, quoi ! Avec Sir Alfred, c’est en quelque sorte du pareil au même. Je viens de voir sa filmographie – ahurissant ! Mais cela veut dire aussi qu’il y a dans la masse une proportion affligeante de déchets, du raté, du mal fini, du tutoyant le ridicule. Je parle non seulement des films tournés en plan fixe, des avortés, des délibérément oubliés voire niés par les fanas du papa Hitchcock, mais encore et surtout de ceux auxquels ces mêmes fanas ont pieusement apporté crédit, comme La Corde,  les défendant envers et contre tous à grands renforts d’arguments esthétiques. Moi quand je rebeuille, je rebeuille (c’est ce qu’on dit en Saône-et-Loire pour dire qu’on retourne, qu’on brasse, qu’on remue) : j’ai suffisamment vu, analysé, voire goûté à l’occasion de nombreux films du maître pour pouvoir dénoncer des tares ou des malfaçons que par la suite il est impossible de ne pas voir. Quand il y a des maladresses, des lourdeurs, des invraisemblances dans des textes qui devraient n’être que légèreté et évidence irréfutable, il est permis de  les souligner, voire de s’en gausser si le réalisateur se montre trop naïvement drapé dans son aura de grand maître. Je viens d’apprendre   que Sueurs froides, le génial Vertigo, a dépassé Citizen Kane qui était jusqu’alors le chef d’œuvre universel absolu : un choc d’abord (Citizen Kane, tout de même !) et puis l’acceptation du possible, sinon le ralliement définitif. C’est que le boutiquage des deux intrigues imbriquées l’une dans l’autre autour de ces deux femmes dissemblables et uniques a signé pour Hitchcock le grand, le vrai chef d’œuvre – oui,  devant Les Enchaînés, devant Fenêtre sur Cour, devant maint autre Le Crime était presque parfait ou La Main au Collet, voire Les 39 marches, tous jubilatoires mais à un autre niveau… Je comprends que ce grand Hitchcock puisse finalement s’imposer sur l’impériale austérité de conception d’Orson Welles, car il comporte un élément dramatique qui peut séduire plus qu’une biographie reconstituée avec des images magiques. Je ne proteste pas, enfin pas trop, contre ce jugement qui n’est pas dépourvu de goût ni d’intelligence. Après tout, ce sont bien deux inépuisables chefs d’œuvre qui ont raflé la mise, d’une certaine manière cela rassérène…

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de lucette desvignes
  • Contact

Recherche

Liens