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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 09:28

             Héroïquement, avec la conscience aiguë que je ne faisais là que mon devoir, j’ai décidé de me replonger dans Dickens et de plonger dans les écrits que je ne connaissais pas ou dont je n’avais conservé qu’un souvenir trop flou et probablement injuste. J’ai choisi « Great Expectations », « De grandes espérances », afin que la chance fût bien disposée à mon égard. Malheureux calcul… Au fur et à mesure que je tournais les pages (car l’envie de savoir enfin ce qui va se passer est tenace chez le lecteur que je suis), je me sentais abattue, voire consternée. Tant de papier perdu… L’histoire est tarabiscotée, avec des personnages étranges que Dickens, il le dit, il l’écrit, trouvait fort drôles,  avec des situations invraisemblables, des rencontres éberluantes… Qu’un enfant puisse, partagé entre la compassion et la terreur, apporter à un forçat une lime pour scier sa chaîne de cheville avec quelques victuailles dérobées chez lui, parfait : c’est au contraire un début fort passionnant. Que le même forçat, échappé de divers bagnes et ayant fait sa pelote en exil, recherche le gamin, le trouve ( !), lui apprend que sa fortune sera pour lui – ceci à travers de nombreuses années – et s’installe près de lui en se cachant des forces de police,  cela reste plus difficile à avaler. Que d’autre part l’enfant se soit cru, dans une atmosphère de secret et de mystérieux hommes d’affaires ou de droit, le futur héritier d’une grosse fortune venant d’une demoiselle un peu timbrée qui élève dans les ténèbres de sa maison une fillette destinée à briser le cœur des hommes pour la venger d’avoir été abandonnée le jour de son mariage, cela fait quelque peu ruer dans les brancards. C’est là la trame, les choses se compliquant poussivement dans une tentative de poursuite épique sur la Tamise, avant la reprise du forçat et sa mort après sa condamnation.  Le pire, sans doute, est ce saupoudrage de bonnes intentions, de remords, de détermination à faire le bien pour son ami sans le lui dire, qui colore toute la fin. Ce « Je » qui n’a jamais été mauvais mais seulement faible et maladroit, bat sa coulpe un peu trop souvent et un peu trop visiblement. A part quelques aisances de style  on n’a pas l’impression d’avoir quitté Defoë, dont la componction religieuse sonne plus normalement dans son contexte d’un siècle plus tôt et dont les histoires sont plus réalistes et vraies. Mais ma foi, puisque Bulwer Lytton (« Les Derniers Jours de Pompéi ») s’enthousiasmait pour le roman…  que dire derrière lui ?

                                                                                      Lucette DESVIGNES.
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