Ah ! mes belins-belines, j’en ai appris sur l’histoire des croisés, j’en ai appris ! Rien de tel qu’un dernier épisode pour jouer les fourre-tout : Robin Hood est terminé, tout est dit. Imaginez-vous qu’on a quitté la forêt de Sherwood : tout le monde se rend à Portsmouth pour arriver en Terre Sainte. A se demander même comment ils ont pu faire deux embarquements séparés, le shériff et son âme damnée emmenant Lady Marian en otage, Robin et ses fidèles d’autre part : ma foi, je vous laisse débrouiller l’énigme, l’essentiel est qu’on retrouve tout le monde à Saint-Jean d’Acre. Naturellement, le shériff fait alliance avec le prince Saladin, tandis que Robin se dirige sans faillir vers la tente des chevaliers, le roi pour la circonstance mettant sa couronne sur sa tête l’armure à peine quittée : ainsi Robin ne se trompe pas lorsqu’il plie le genou devant sa majesté. C’est plutôt la majesté qui se conduit mal : elle croit que Robin est venu l’assassiner, on voit donc se dresser en plein soleil de là-bas des poteaux auxquels on attache les poignets des outlaws condamnés à mourir de soif et de désespoir, comme dans les pires westerns et, je dois dire, en moins impressionnant qu’à la fin de Spartacus. Sortie de prison – laquelle ? pourquoi ? comment ? – Lady Marian rejoint Robin, voilà même qu’on les attache ensemble dos à dos, et c’est en se tournant le dos qu’ils prononcent les formules les engageant pour le meilleur et pour le pire, devant témoins pour que tout soit réglo. Le shériff et son Guy of Northumberland passent de vie à trépas, c’est bien le moins (mais Robin n’y est pour rien : il avoue que sa manière immanquable d’atteindre son but par sa flèche est un don exceptionnel de Dieu, mais qu’il lutte contre lui pour éviter de tuer – une idée raisonnable qui les prend tous sur le tard, car le roi lui-même cesse de batailler, il laisse tout en plan et rentre chez lui). Lady Marian qui a reçu un coup d’épée dans la dernière échauffourée a le temps avant de rendre l’âme de redire les paroles sacramentelles et de les faire redire à Robin, ils auront donc toute l’éternité pour être unis. Je suis toute penaude d’avouer que j’ignorais totalement le voyage de Robin Hood à Saint-Jean d’Acre, mais voyez-vous, il n’est jamais trop tard pour combler ses lacunes.
Lucette DESVIGNES.